Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

'^12 Les mille eï une NuiTjJ
Aladdin , qui attendoit ce moment avec ïm-*
patience , ne fouffrit pas que le fils, du grand-
vifi demeurât couché avec la princeffe.. Prends
ce nouvel époux , dit-il au génie , enferme-le
dans le privé , & reviens demain matin un peu
après la pointe du jour. Le génie enleva auffi-
tôt le fils du grand-vifir hors du lit en che-
mife 5 & le tranfporta dans le lieu qu Aladdia
lui avoit dit, oii il le laifla après avoir jeté
fur lui un foufîle qu'il fentit depuis la tête juf-:,
qu'aux pies, & qui l'empêcha de remuer de la.
place.
Quelque grande que fût la paffioa d'Alad-
din pour la princefle Badroulboudour , il ne
lui tint pas néanmoins un long dlfcours> lorf-
qu'il fe vit feul avec elle. Ne craignez rien,,
adorable princelTe , lui dit-il d'un air tout paf-
fionné , vous êtes ici en sûreté , & quelque
violent que foit l'amour que je relTens pour
votre beauté & pour vos charmes , il ne me
fera jamais for tir des bornes du profond refped
que je vous dois. Si j'ai été forcé > ajou-
îa-t-il , d'en venir à cette extrémité , ce n'a
pas été dans la vue de vous offenfer > mais
pour empêcher qu'un injufle rival ne vous pof-
fédât, contre la parole donnée par le fultan,
votre père, en ma faveur.
La princeflfe qui ne favoit rien de ces parti-