Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. nj^r^i
ïï n'y a pas affez long-tems que nous nous
femmes vus , & il n'eft pas poflïbic que vous
m'ayez oublié fi facilement. Il faut qu*il vous
foit arrivé quelque malheur qui vous cuufe
cette averfion pour moi. Vous devez vous fouvenir
cependant que je vous ai marqué ma
reconnoifiance par mes bons fouhaits ; èc même
que fur certaine chofe qui vous tenoit au
cœur , je vous ai fait oflre de mon crédit , quî
n'eft pas à mxprifer.
" J'ignore , repartit Abou Hafïan , quel peut
être votre crédit , & je n'ai pas le moindre
defir de le mettre à l'épreuve ; mais je fais
bien que vos fouhaits n'ont abouti qu'à me faire
devenir fou. Au nom de dieu , vous dis-je
encore une fois , paffez votre chemin , de ne
me chagrinez pas davantage.
Ah , mon frère Abou Hafïan , répliqua le
calife en l'embraffant , je ne prétends pas me
féparer d'avec vous de cette manière ! Puifque
ma bonne fortune a voulu que je vous aie
rencontré une féconde fois , il faut que vous
exerciez auffi une féconde fois la même hofpi-
talité envers moi , que vous avez fait il y a
un mois, & que j'aie l'honneur de boire encore
avec vous.
C'eft de quoi Abou HafTan protefta qij'Ji
fituroit fort bien fe garder. J'ai alTcz de pouvoir