Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

âpa Les mille £t une Nuits,
au moins autant que vous auprès du calife ^i
moi qui fuis l'inventeur de la fourberie. Mais
ne perdons pas le tems en difcours inutiles :
faites la morte comme moi , & vous verrez fi
je n'aurai pas le même fuccès.
Abou Haflan enfevelit fa femme, la mit au
même endroit qu'il étoit , lui tourna les pies
du côté de la Mecque , èc fortit de fa chambre
tout en défordre , le turban mal accommodé ,
comme un homme qui eft dans une grande afflic-
tion. En cet état , il alla chez le calife qui
tenoit alors un confeil particulier avec le grand-
viilr Giafar , & d'autres vifirs en qui il avoit
le plus de confiance. Il fe préfenta à la porte;
& rhuiffier qui favoit qu'il avoit les entrées
libres , lui ouvrit. Il entra le mouchoir d'une
main devant les yeux , pour cacher les larmes
feintes qu'il laifToit couler en abondance , en fe
frappant la poitrine de l'autre à grands coups
avec d«s exclamations qui exprimoient l'excès
d'une grande douleur.
Le calife, qui étoit accoutumé à voir Abou
Hafïàn avec un vifage toujours gai , 3c qui
n'infpireit que la joie , fut fort furpris de le
voir paroître devant lui en un fi trifte état. H
Interrompit l'attention qu'il donnoit à l'affaire
dont on parloit dans fon confeil , pour lui de-»
mander la caufe de fa douleur.
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