Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

144 Les miLle et ùnè Nuits,
là pcJrtôit une robe brodée d'argeot avec une
ceihture de pierreries , & il avoit une cou-
ronne d'or fur la tête* Quand je n'aurois pas
.jugé à fon habillement que c'étoit le maître
des autres , je m'en ferois apperçue à l'air de
grandeur qui étolt répandu dans toute fa per-
foriûe. C'étoit un jeune homme parfaitement
bieîi fait, & plus beau que le jour. Surpris de
voit en cet endroit une jeurte dame feule , il
détacha quelques-uns de fes officiers pour me
venir demander qui j'étois î je ne leur répon*-
dis que par des pleurs. Co'mme le rivage étoit
couvert de débris de notre vaiffeâu , ils jugèrent
qu'un navire venoit de fe brifer fur la côte
& que j'étois fans doute une perfonne échappée
dii naufrage. Cette conjeéture & la vive dou-
leur que je faifois paroître , irritèrent la curio-
fité des officiers qui commencèrent à me faire
mille qUeftions, en m'affijrant que leur roi étoit
un prince généreux , & que je trouverois dans
fa cour de la confolation.
Leur roi impatient d'apprendre qui je pou-
vois être , s'ennuya d'attendre le retour de fes
officiers : il s'approcha de moi : il me regarda
avec beaucoup d'attention ; *& comme je ne
celTois pas de pleurer & de m'affliger^ fans
pouvoir répondre à ceux qui m'interpogeoient
il leur défendit de me fatiguer davantage pat
,
leurs