Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

5'lS liÉS MILLE ET tTNE NUïïS,-
vêler fes larmes , & fe plonger de plus en plus
dans fes profondes douleurs , par l'idée de ne
voir plus ce qui lui avoit tant plu, & d'avoir
perdu ce qu'il avoit de plus cher au monde.
L'aurore ne faifoit encore que de paroître , lorfque
le fultan vint à ce cabinet, le même matin que
le' palais d'Aladdin venoit d'être rapporté à fa
place. En y
entrant , il étoit fi recueilli en luî-
jnême & fi pénétré de fa douleur, qu'il jeta les
yeux d'une manière trifte du côté de la place ou
il ne croyoit voir que l'air vuide , fans apperce-
voir le palais. Mais comme il vit que ce vuide
étoit rempli , il s'imagina d'abord que c'étoit
l'effet d'un brouillard. Il regarde avec plus d'at-
tention , & il connoît à n'en pas douter , que
c'étoit le palais d'Aladdin. Alors la joie & l'épa-
nouifîement du cœur fuccédèrent aux chagrins
& à la triftefle. Il retourne à fon appartement
en preflant le pas , & il commande qu'on lui felle
& qu'on lui amène un cheval. On le lui amène 3,
il le monte , il part , & il lui femble qu'il n'arri-
vera pas aflez tôt au palais d'Aladdin.
Aladdin qui avoit prévu ce qui pouvoit ar-
river, s'était levé dès la petit® pointe du jour,
te dès qu'il eut pris un des habits les plus ma--
gnifiques de fa garde-robe , il étoit monté an
fallon aux vingt-quatre croifées , d'oii il apper-
«ut que le fultan venoit. Il defcendit j & il