Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

'^0 Les mille et une Nuits,
pour empêcher que le jeune marchand ne lui
échappât.
; Tourmente & Ganem achevoient alors de
jdîner. La dame étoit aflife près d'une fenêtre
qui donnoit fur la rue. Elle entend du bruit,
elle regarde par la jaloufie ; & voyant le grand-
vifir qui s'approchoit avec toute fa fuite, elle
jugea qu'on n'en vouloit pas moins à elle qu'à
Ganem. Elle comprit que fon billet avoit été
reçu , mais elle ne s'étoit pks attendue à une
pareille réponfe ; & elle avoit efpéré que le
calife prendroit la chofe d'une autre manière.
Elle ne favoit pas depuis quel tems ce prince
étoit de retouc; & quoiqu'elle lui connût du
penchant à la jaloufie, elle ne craignait rien
de ce côté-là. Cependant la vue du grand-vifir
& des foldats la fit trembler , non pour elle à
la vérité, mais pour Ganem. Elle ne doutait
point qu'elle ne fe juftifiât , pourvu que le calife
voulût bien l'entendre. A l'égard de Ganem
qu'elle chériflbit moins par reconnoiflTance que
par inclination , elle prévoyoit que fon rival
irrité voudroit le voir, & pourroit le c ondam-
ner fur fa jeuneffe & fa bonne mine. Prévenue
de fa penfée, elle fe retourna vers le jeune
marchand ; Ah , Ganem , lui dit - elle , nous
fommes perdus ! c'eft vous & moi que Ton
cherche. H regarda auflîtôt par la jaloufie, §: