Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes A r à b t s. i'6r
Le roi ne donna pas le tems à Pirouïé
d'achever fon récit : il fe fentit enflammé de
colère; & cédant à fon tranfport : Madame,
dit-ii à la princeffe , les perfides qui font cou-
ler vos larmes, & qui caufent à leur père une
douleur mortelle, vont éprouver un juJfte châ-
timent. En parlant ainà , ce prince, la fureur
peinte en fes yeux , fe rend dans la falle d'au-
dience où étoient fes courtifans, & ceux d'en-
tre le peuple qui avoient quelque prière à lui
faire. Us font tous étonnés de le voir paroître
d'un air furieux : ils jugent qu'il eft en colère
contre fon peuple ; leurs ccEurs font glacés
d'effroi. Il monte fur le trône ; & faifant appro-
cher fon grand-vifïr : Haffan , lui dit-il, j'ai
im ordre à te donner ; va tout-à-l'heure pren-
dre mille foldats de ma garde , & arrête tous
les princes mes fils ; enferme-les dans la tour
deftinée à fervir de prifon aux afïalTins , & que
cela foit fait dans un moment. A cet ordre ex-
traordinaire , tous ceux qui étoient préfens fré-
mirent ; èc le grand-vidr , fans répondre un feul
mot, mit la main fur fa tête pour marquer
qu'il étoit prêt d'obéir , & fortit de la falle
pour aller s'acquitter d'un emploi dont il étoit
fort furpris. Cependant le roi renvoya les peribnnes
qui venoient lui demander audience &
déclara que d*un mois il ne voulolt enteudrq