Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

55*5 Les mille et une Nuits,
fîon , Aladdin qui n'étoit pas accoutumé à de
pareilles vifions , eût pu être faifi de frayeur ,
& perdre la parole à la vue d'une figure fi ex-
traordinaire ; mais occupé uniquement du dan-
ger préfent où il étoit, il répondit fans héfi-
ter : Qui que tu fois , fais-moi fortir de ce lieu ,
Ç\ tu en as le pouvoir. A peine eut-il prononcé
ces paroles , que la terre s'ouvrit , & qu'il fe
trouva hors du caveau , & à l'endroit juftement
oii'le magicien l'avoit amené.
On ne trouvera pas étrange qu'Aladdin, qui
étoit demeuré fi long-tems dans les ténèbres
les plus épaifTes , ait eu d'abord de la peine à
foutenir le grand jour : il y accoutuma fes yeux
peu-à-peu ; & en regardant autour de lui , il
fut fort furpris de ne pas voir d'ouverture fur
la terre. Il ne put comprendre de quelle ma-
nière il fe trouvoit fi fubitement hors de (qs
entrailles ; il n*y eut que la place où les brouf-
failles avoient été allumées , qui lui fit recon-
noître à-peu-près où étoit le caveau. Enfuite,
en fe tournant du côté de la ville , il l'apper-
çut au milieu des jardins qui l'environnoient
& il reconnut le chemin par où le magicien
afriquain l'avoit amené. Il le reprit en rendant
grâces à dieu de fe revoir une autre fois au
monde, après avoir défefpéré d'y revenir jamais.
Il arriva jufqu'à la ville ^ & fe traîna chez lui
,