Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. is^t
fuis fenfible à votre honnêteté , à votre bonne
chère , & à rhofpitalité que vous avez exercée
envers moi fi obligeamment. La feule chofe
qui me fait de la peine , c'eft que je ne fais par
quel endroit vous en témoigner ma reconnoif-
fance. Je vous fupplie de me le faire connoî-
tre , & vous verrez que je ne fuis pas un
ingrat. Il ne fe peut pas faire qu'un homme
comme vous n'ait quelque affaire , quelque
befoin , & ne fouhaite enfin quelque chofa
qui lui feroit plaifir. Ouvrez votre cceur , &
parlez - moi franchement. Tout marchand que
je fuis, je ne laiffe pas d'être en état d'obli-
ger par moi-même, ou par i'entremife de mes
amis.
A ces oifres du calife, qu'Abou HafTan ne
prenoit toujours que pour un marchand : Mon
bon feigneur, reprit Abou Haffan , je fuis très-
perfuadé que ce n'eft point par compliment
que vous me faites des avances fi généreufes.
Mais, foi d'honnête homme, je puis vous af-
fûter que je n'ai ni chagrin , ni affaire, ni défir,
& que je ne demande rien à perfonne. Je n'ai
pas la moindre ambition , comme je vous l'ai
4éjà dit, & je fuis très -content de mon fort,
Ainfi, je n'ai qu'à vous remercier non -feulement
de vos offres fi obligeantes , mais même
ite la complaifançe que vous avez eue de me