Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

i€)0 Les mille et une Nuits,
comment, après avoir vu la fin de votre ar-
gent comptant , vous avez eu aflez de modération
pour ne pas diffiper votre revenu , &
même votre fonds. Pour vous dire ce que j'en
penfe, je tiens que vous êtQs le feul débauché
à qui pareille chofe eft arrivée, & à qui elle
n'arrivera peut-être jamais. Enfin, je vous avoue
que j'envie votre bonheur. Vous êtes le plus
heureux mortel qu'il y ait fur la terre, d'avoir
chaque jour la compagnie d'un honnête homme
avec qui vous pouvez vous entretenir fi agréa-
blement , & à qui vous donnez lieu de pu-
blier par - tout la bonne réception que Vous
lui faites. Mais ni vous , ni moi , nous ne nous
appercevons pas que c'eft parler trop long-tems
fans boire : buvez , & verfez-m'en enfuite. Le
calife & Abou Haflan continuèrent de boire
long-tems , en s'entretenant de chofes très-
agréables.
La nuit étoit déjà fort avancée, & le calife
en feignant d'être fort fatigué du chemin qu'il
avoit fait, dit à Abou Haflan qu'il avoit be-
foin de fepos. Je ne veux pas aiiflî de mon côté,
ajouta-t-ii, que vous perdiez rien du vôtre,
pour l'amour de moi. Avant que nous nous
féparions (car peut-être ferai-je fortl demain
de chez vous avant que vous foyez éveillé )
5ê fuis bien aif^ de vous marquer combien je
,