Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

45*5 Les mille et une Nuits,'
Tavoit point encore vue fans voile , comm©
elle étoit alors. Quoiqu'elle fût dans un âge un
peu avancé, on y obfervoit encore des tr^ts
qui faifoient alTez connoître qu'elle avoit été
du nombre des belles dans fa jeuneiTe. Le ful-
tan qui l'avoit toujours vue habillée fort fim-
plement , pour ne pas dire pauvrement , étoit
dans l'admiration de la voir auflî richement Se
auilî magnifiquement vêtue que la princeffe fa
fille; cela lui fit faire cette réflexion , qu'Alad-
dîn étoit également prudent, fage & entendu
en toutes chofes.
Quand la nuit fut venue , la princefle p4:it
congé du fultan fon père : leurs adieux furent
tendres & mêlés de larmes ; ils s'embrafsèrent
plufieurs fois fans fe rien dire , & enfin la prin-
ceffe fortit de fon appartement , & fe mit en
marche avec la mère d'AIaddin à fa gauche,
& fuivie de cent femmes efclaves , habillées
d'une magnificence furprenante. Toutes les trou-
pes d'inftrumens qui n'avoient celfé de fe faire
entendre depuis l'arrivée de la mère d'Alad-
din, s'étoient réunies & commençoient cette
marche ; elles étoient fuivies par cent chiaoux
& par un pareil nombre d'eunuques noirs en
deux files , avec leurs officiers à leur tête»
Quatre cens jeunes pages du fultan en deux
bandes, qui marchoient fur les côtés, en ts-»