Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

330 Les mille et une Nuits,'
la moindre remontrance qu'elle lui faifoit , s*a-
bandonna alors à un plein libertinage. lî fré-
quentoit de plus en plus les enfans de fou
âge , & ne ceflbit de jouer avec eux avec plus
de paflion qu'auparavant. Il continua ce train
de vie jufqu'à l'âge de quinze ans , fans au-
cune ouverture d'efprit pour quoi que ce foit
& fans faire réflexion à ce qu'il pourroit de-
venir un jour. Il étoit dans cette fituation ,
lorfqu'un jour qu'il jouoit au milieu d'une
place avec une troupe de vagabonds , félon fa
coutume , un étranger qui paflbit par cette
place , s'arrêta à le regarder.
Cet étranger étoit un magicien infigne »
que les auteurs qui ont écrit cette hiftoire ^
nous font connoître fous le nom de Magicien
afriquain : c'eft ainfi que nous l'appelerons ,
d'autant plus volontiers, qu'il étoit véritable^
ment d'Afrique , & qu'il n'étoit arrivé que
depuis deux jours.
Soit que le magicien afriquain , qui fe con-
noiiToit en physionomie , eût remarqué dans le
vifage d'Aladdin tout ce qui étoit abfolument
néceifaire pour l'exécution de ce qui a,voit
fait le fujet de fon voyage , ou autremerit , il
s'informa adroitement de fa famille , de ce qu'il
étoit 5 & de fon inclination. Quand il fut mC-
îruit de tout ce qu'il fouhaitoit , il s'approcl»
,