Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. 27^
que repas des mets les plus délicats & les plus
frians , qu'un traiteur avoit foin de leur apprê-
ter & de leur fournir. Le buffet étoit toujours
chargé de vin le plus exquis , & difpofé de
manière qu'il étoit à la portée de l'un & de
l'autre lorfqu'ils étoient à table. Là ils jouif-
foient d'un agréable téte-à-tcte , & s'entrete-
noient de mille plaifanteries qui leur faifoient
faire des éclats de rire , plus ou moins grands ,
félon qu'ils avoient mieux ou moins bien ren-
contré à dire quelque chofe capable de les
réjouir. Le repas du foir étoit particulièrement
confacré à la joie. Ils ne s'y faifoient fervir
que des fruits excellens , des gâteaux & des
pâtes d'amandes ; & à chaque coup de vin qu'ik
buvoient , ils s'excitoient l'un & l'autre par
quelques chanfons nouvelles , qui fort fouvent
étoient des impromptus faits à propos fur le
fujet dont ils s'entretenoient. Ces chanfons
étoient auflî quelquefois accompagnées d'un
luth j ou de quelqu'autre inilrument dont ils
favoient toucher l'un & l'autre.
Abou HafTan & NouzhatouUAouadat paf-
sèrent ainfi un alfez long efpace de tems à
faire bonne chère & à fe bien divertir. Ils ne
s'étoient jamais mis en peine de leur dépen(e
de bouche ; & le traiteur qu'ils avoient choifit
pour cela , avoit fait toutes les avances» U
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