Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. ^ïj
très -honorée mère , s^écria-t-elle , pardon-
iiei-moi, fi j'ai manqué au refpect que je vous
dois ! j'ai refprit fi fortement occupé des cho-
fes extraordinaires qui me font arrivées cette
nuit , que je ne fuis pas encore bien reve-
nue de mon étonnement ni de mes frayeurs
& que j'ai même de la peine à me reconnoî-
tre moi-même. Alors elle lui raconta avec
3es couleurs les plus vives , de quelle ma-
nière , un inftant après qu'elle & fon époux
furent couchés, le lit avoit été enlevé & tranf-
porté en un moment dans une chambre malpropre
de obfcure , oii elle s'étoit vue feule &
fcparée de fon époux, fans favoir ce qu'il étoit
devenu, & oiji elle avoit vu un jeune homme,
lequel, après lui avoir dit quelques paroles que
la frayeur Tavoit empêchée d'entendre , s'étoit
couché avec elle à la place de fon époux, après
avoir mis fon fabre entr'elle & lui , &: que
le matin fon époux lui avoit été rendu , & le
lit rapporté en fa place en un aulîi peu de
tems. Tout cela ne venolt que d'être fait , ajou-
ta- t-elle, quand le fultan mon père eft entré
dans m.a chambre ; j'étois fi accablée de trif-
tefle, que je n'ai pas eu la force de lui répon-
dre une feule parole ; ainfi je ne doute pas
qu'il ne foit indigné de la manière dont j'ai
jr^^çu l'honneur qu'il m'a fait, mais j'efpère qu'il
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