Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. 7;-
homme , je l'ai confidéré avec attention , & il
m'a paru que fon vifage ne m'étoit pas tout-
à-fait inconnu. Je lui ai fait des queftions fur
fa famille ; mais pour toute réponfe , je n'en
ai tiré que das pleurs & des foupirs. J'en ai eu
pitié ; & connoifiant par Thabitude que j'ai de
voir des malades , qu'il étoit dans un preffant
befoin d'être foigné , je n'ai pas voulu qu'oa
le mît à l'hôpital ; car je fais trop de quelle
manière on y gouverne les malades , & je
connois l'incapacité des médecins. Je l'ai fait
apporter chez moi par mes efclaves , qui, dans
une chambre particulière où je l'ai mis , lui
donnent par mon ordre de mon propre linge
& le fervent comme ils me ferviroient moimême.
Tourmente trefiaillit à ce difcours du jouail-
lier, & fentit une émotion dont elle ne pon^
voit fe rendre raifon. M^naz-moi , dit-elle au
fyndic , dans la chambre ce ce malade ; je
fouhaite de le voir. Le fyndic l'y conduifjt ;
& tandis qu'elle y alloit , la mère de Ganem
dit à Force des cœurs : Ah , ma fille , quel-
que miférable que foit cet étranger malade
votre frère , s'il eft encore en vie , n'eft peut-
être pas dans un état plus heureux.
La favorite du calife étant dans la chambre
où étoit le malade , s'approcha du lit où les
,