Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

lSc> Les jhille Et une Ni/rTs,
amis chez eux. Il leur repréfenta le grand
befoin QÙ il étoit, & il les pria de lui ouvrir
leur bourfe pour le fecourir efficacement. H
promit même de s'engager envers chacun d'eux
en particulier , de leur rendre les fommes
qu'ils lui auroient prêtées , dès que fes affaires
feroient rétablies , fans néanmoins leur faire
connoître que c'étoit en grande partie à leur
conCdération qu'il s'étoit (i fort incommodé,
afin de les piquer davantage de généronté. Il
n'oublia pas de les leurrer aufli de l'efpérance
de recommencer un jour avec eux la bonne
chère qu'il leur avoit déjà faite.
Aucun de fes amis de bouteille ne fut touché
des vives couleurs dont l'affligé Abou
Haffan fe fervit pour tâcher de les perfuader.
li eut même la mortification de voir que plu-
fleurs lui dirent nettement qu'ils ne le connoiffoient
pas , & qu'ils ne fe fouvenoient pas même
de l'avoir vu. Il revint chez lui le cœur péné-
ma mère,
tré de douleur & d'indignation. Ah !
s'écria t-ii en rentrant dans fon appartement,
vous ma l'aviez bien dit ; au lieu d'amis , je
n^'ai trouvé que dùs perfides , des ingrats & des
raéchans , indignes de mon amitié. C'en eft
fait, je renonce à la leur , &: je vous promets
àë ne les revoir jamais.
Abou Halîkn demeura ferme dans la réfo-