Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

4po Les mille et une Nuits,
Comme Aladdin vit que (es gens étoient de
beaucoup inférieurs au détschement , & même
qu'ils s'éloignoient , il mit pie à terre. Me
voilà , dit-il , exécutez l'ordre que vous avez.
Je puis dire néanmoins que je ne me fens cou-
pable d'aucun crime , ni envers la perfonne du
fultan , ni envers l'état. On lui pafla auffitôt
au cou une chaîne fort grolfe & fort longue,
dont on le lia auffi par le milieu du corps , de
manière qu'il n'avoit pas les bras libres. Quand
l'officier fe fut mis à la tête de fa troupe , un
cavalier prit le bout de la chaîne ; & en mar-
chant après l'officier , il mena Aladdin , qui fut
obligé de le fuivre à pié, & dans cet état il
fut conduit vers la ville.
Quand las cavaliers furent entré? dans le
fauxbourg , les premiers qui virent qu'on me-
noit Aladdin en criminel d'état , nq doutèrent
pas que ce jne fût pour lui couper la tête. Comme
il étoit aimé généralement ^ les uns prirent le fa-
bre & d'autres armes , & ceux qui n'en avoient
pas s'armèrent de pierres, & ils fuivirent les cava-
liers. Quelques-uns qui étoient à la queue ,
firent volte-face 5 en faifant mine de vouloir les
diffiper ; mais bientôt ils groffirent en fi grand
nombre , que les cavaliers prirent le parti de
dîffimuler , trop heureux s'ils pouvoient arriver
jufqu'au palais du fultan fans qu'on leur enle-