Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. 583
tnaîadîe. Je ne fais pas bien quel eft ce mal,
mais je ne doute pas que ce que vous allez
«ntendre, ne vous le fafle connoître.
On n'a pas fu dans ce quartier , continua
Aladdin , & ainfi vous n'avez pu le favoir
qu'hier la princefTe Badrouîboudour , fille du
fultan, alla au bain l'après-dîné. J'appris cette
nouvelle en me promenant par la ville. On
publia un ordre de fermer les boutiques & de
fe retirer chacun chez foi , pour rendre à cette
princefTe l'honneur qui lui eft dû , & lui laiffer
les chemins libres dans les rues par où elle
devoit pafTer. Comme je n'étois pas éloigné
du bain , la curiofité de la voir le vifage découvert
, me fit naître la penfée d'aller me
placer derrière la porte du bain, en faifant ré-
flexion qu'il pouvoit arriver qu'elle ôteroit fon
voile quand elle feroit prête d'y entrer. Vous
favez la difpoHtion de la porte , & vous pou-
vez juger vous - même que je devois la voir
à mon aife , fi ce que je m'étois imaginé, ar-
rivoit. En effet, elle ôta fon voile en entrant,
& j'eus le bonheur de voir cette aimable prin-
cefTe, avec la plus grande fatisfadion du monde.
Voilà , ma mère , le grand motif de l'état où
vous me vîtes hier quand je rentrai , & le fu-
jet du fîlence que j'ai gardé jufqu'à préfent.
J'aime la princefTe d'un amour dont la violence
,