Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. 21^
& qui trouvoient mauvais que je reçufle & que
je régalaiTe d'honnêtes gens chez moi , méritoient
bien cette avanie & ce châtiment. Le
calife qui l'obfervoit , pénétra dans fa penfée ,
& fentit en lui-même une joie inconcevable
d'une fi belle expédition.
Abou HafTan s'adrefia enfaite au grand-vifir :
Faites-vous donner par le grand ti éforier , lui
dit-il , une bourfe de mille pie'ces de mon-
noie d'or , & allez au quartier ou j'ai envoyé
le juge de police, la porter à la mère d'un cer-
tain Abou HafTan , furnommé le débauché, C'eft
un homme connu dans tout le quartier fous ce
nom : il n'y a perfonne qui ne vous enfeigne
fa maifon. Partez , & revenez promptement.
Le grand-vifir Giafar mit la main fur fa tête ,
pour marquer qu'il alloit obéir ; & après s'être
profterné devant le trône , il fortit & s'en alla
chez le grand tréforier qui lui délivra la bourfe.
Il la fit prendre par un des efclaves qui le fui-
voient, & s'en alla la porter à la mère d'Abou
Haflan. Il la trouva , & lui dit que le calife luit
envoyoit ce préfent , fans s'expliquer davantage.
Elle le reçut avec d'autant plus de furprlfe ,
qu'elle ne pouvoit imaginer ce qui pouvoit
avoir obligé le calife de lui faire une li grande
libéralité , & qu'elle ignoroit ce qui fe paiToit
uapalais,
O iij