Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

«P Les MîlLl ET UNE NutT^,
Les fils du roi de Harran vous ofiTrerît un aïyîè
dans la cour de leur père; acceptez -le, de
grâce ! vous y ferez chérie de ce prince, &
xefpedée de tout le monde ; & fi vous ne dé-
daignez pas la foi de votre libérateur , fouffrez
que je vous la préfente , & que je vous époufe
devant tous ces princes ; qu*ils foient témoins
de notre engagement. La princefle y coiifen-
tlt ; & dès le jour même ce mariage fe fit dans
le château , où ils trouvèrent toutes fortes de
provifions : les cuifmcs étoient pleines de
viandes & d*autres mets , dont le nègre avoit
coutume de fe nourir lorfqu'il étoit raffafié de
chair humaine. Il y avoit aufîi beaucoup de
.fruits, tous excellens dans leurs efpèces, &
pour comble de délices, une grande quantité de
liqueurs & vins exquis.
Ils fe mirent tous à table; èc après avoir
bien mangé & bien bu, ils emportèrent tout
•îe reffee des provifions , & fortirent du châ^
teau dans le deffein de fe rendre à la cour du
roi de Harran Ils marchèrent pîufieurs jours ,
campant dans les endroits les plus agréables
qu*ils pouvoient trouver; & ils n'étolent plus
qu*à une journée de Harran , lorfque s^étant
arrêtés & achevant de boire leur vin comme
gens qui ne fe foucioient plus de le ménager,
Codadad prit la parole : Princes, dit-il, CQ^