Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes* 517
Haflan de tout ce qui étoit autour de lui, &
ils allèrent tous deux reprendre leurs places
fur le fofa contre la jaloufie , en attendant tran-
quillement la fin de cette tromperie ; toujours
prêts de fe tirer d'affaire , de quelque côté
qu'on voulût les prendre.
La nourrice de Zobéïde cependant , malgré
fa grande vieillefle , avoit prefle le pas en re-
venant , encore plus qu'elle n'avoit lait en al-
lant. Le pkîilir de porter à la princefle une
bonne nouvelle , & plus encore refpérance
d'une bonne récompenfe , la firent arriver en
peu de tems : elle entra dans le cabinet de
la princefle prefque hors d'haleine ; & en lui
rendant compte de fa commilHon, elle raconta
naïvement à Zobéïde tout ce qu'elle venoit de
voir.
Zobéïde écouta le rapport de la nourrice
avec un plalfir des plus feniibles, & elle le fit
bien voir; car dès qu'elle eut achevé, elle dit
à fa nourrice d'un ton qui marquoit gain de
caufe : Raconte donc la même chofe au commandeur
des croyans , qui nous regarde comme
dépourvues de bon fens , & qui , avec cela ,
voudroit nous faire accroire que nous n'avons
aucun fentiment de religion, &: que nous n'avons
pas la crainte de dieu. Dis -le à ce méchant
efclave noir , qui a l'infolence de me foutenir