Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. 17;'
n partagea fou bien en deux parts ; ( l'une fut
employée en acquifitlon de terres à h campa-
gne, & de maifons dans la ville, dont il fe
fît un revenu fuffifant pour vivre à fon aife,
avec promeflTe de ne point toucher aux fom-
mes qui en reviendroient , mais de les amafler
â mefure qu'il les recevroit ; l'autre moitié qui
confiftoit en une fomme confidérable en argent
comptant , fut deftlnée à réparer tout le tems
qu'il croyoit avoir perdu fous la dure contrainte
où fon père Tavoit retenu jufqu'à fa mort ;
mais il fe fit un loi indifpenfable, qu'il fe promit
à lui-même de garder inviolablement, de ne
rien dépenfer au-delà de cette fomme , dans le
dérèglement de vie qu'il s'étoit propofé.
Dans ce deflein, Abou Haîlan fe lit en peu
de jours une fociété de gens à-peu-près de
fon âge & de fa condition, & il ne fongea plus
qu'à leur faire palTer le tems très-agréablement^
Pour cet effet , il ne fe contenta pas de les
bien régaler les jours & les nuits, &: de leur
faire des feftins fplendides où les mets les plus
délicieux & les vins les plus exquis étoient
fervis en abondance , il y joignit encore la
mufique en y ."appelant les meilleures voix de
l'un & de l'autre fexe. La jeune bande de îow
côté , le verre à la main , méloit quelquefois
fes chanfons à celles des muCciens , & tous