Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Jî^o Les mille eï cfNfi NuiîS^
fur moi, ajouta-t-il, pour m'empêcher de môtrouver
davantage avec un homme comme
vous, qui porte le malheur avec foi. Vous
favez le proverbe qui dit : Prenez votre tam-
bour fur les épaules , & délogez. Faites-vous-
en l'application : faut-il vous le répéter tant
de fois ? Dieu vous conduife ; vous m'avez caufé
alTez de mal, je ne veux pas m'y expofer da-
yantage.
Mon bon ami Abou HaflTan , reprit le calife
en l'embraflaiit encore une fois , vous me trai-
tez avec une dureté à laquelle je ne me fufle
pas attendu. Je vous fupplie de ne me pas tenir
un difcours fi offenfant , & d'être au contraire
bien perfuadé de mon amitié. Faites-moi donc
la grâce de me raconter ce qui vous eft arrivé,
â moi qui ne vous ai fouhaité que du bien,
qui vous en fouhaité encore , & qui voudrois
trouver l'occafion de vous en faire, afin dô
réparer le mal que vous dites que je vous ai
caufé , fi véritablement il y a de ma faute.
Abou Haffan fe rendit aux inftances du calife;
& après l'avoir fait affeoir auprès de lui : Votre
incrédulité & votre importunité , lui dit - il
ont pouiTé ma patience à bout ; ce que je vais
vous raconter vous fera connoître fi c'eft à tort
que je me plains de vous.
Le çaiife s'affit auprès d'Abou HafTan , qw
,