Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. 171
de prolonger fes années , & portant jufqu'au
ciel le nom de Codadad. Ces deux princes
trouvèrent Pirouzé & fa belle - fille qui atten-
doient le roi pour le féliciter ; mais on ne peut
exprimer tous les tranfports de joie dont elles
furqnt agitées lorfqu'elles virent le jeune prince
qui l'accompagnoit. Ce furent des embralTe-
mens mêlés de larmes bien différentes de celles
qu'elles avoient déjà répandues pour lui. Après
que ces quatre perfonnes eurent cédé à tous
les mouvemens que le fang & l'amour leur infpi-
roient , on demanda au fils de Pirouzé par quel
miracle il étoit encore vivant.
Il répondit qu'un payfan monté fur une mule ,
étant entré par hafard dans la tente où il étoit
évanoui, le voyant feul èc percé de coups ,
l'avoit attaché fur la mule & conduit à fa mai-
fon , & que là il avolt appliqué fur fes blefîures
certaines herbes mâchées qui l'avoient rétabli
en peu de jours. Lorfque je me fentis guéri,
ajouta- 1- il, je remerciai le payfan , & lui don-
nai tous les diamans que j'avois. Je m'appro^
chai enfuite de la ville de Harran ; mais ayant
appris fur la route que quelques princes voi-
{îns avoient affemblé des troupes & venoient
fondre fur les fujets du roi , je me fuis fait con-
^oître dans les villages , & j'excitai le zèle de
{es peuples à prendre fa défenfe. J'armai un grand