Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

4(56 Les miElè et une Nuit^»-
le malheur de vous avoir déplu par la téme-
lité que j*ai eue d'afplrer à la pofTeffion d^une
il aimable princefle , fille de mon fultan , f ofe
vous dire que ce feroit à vos beaux yeux &
à vos charmes que vous devriez vous en pren-
dre , & non pas à m.oi. Prince, que je fuis
en droit de traiter ainfi à préfent , lui ré-
pondit la princefTe , j'obéis à la volonté du
fultan mon père ; & il me fufïit de vous avoir
vu , pour vous dire que je lui obéis fans ré-
pugnance.
Aladdin, charmé d'une réponfe fi agréable
& fi fatisfaifante pour lui , ne laifTa pas plus
long-tems la princelTe debout après le chemin
qu*elle venoit de faire, à quoi elle n*étoit point
accoutumée ; il lui prit la main , qu'il baifà
avec une grande démonftration de joie , & il
la conduifit dans un grand fallon éclairé d'une
infinité de bougies , où par les foins du génie
la table fe trouva fervie d'un fuperbe feffin.
Les plats étoient d'or maffif, & remplis des
viandes les plus délicieufes. Les vafes , les
baffins, les gobelets, dont le buffet étoit très-
bien garni , étoit aufl[î d'or & d'un travail ex-
quis. Les autres ornemens & tous les embel--
liflemens du fallon répondoient parfaitement-
cette grande richefle. La princefle , enchantée
de vor tant de richeÛes affemblées dans \m
à