Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

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même, je ne dois pas le laifler échappef. lî
alla à là boutique d'un faifeur & vendeur de
lampes : Maître , dit-il , j'ai befoin d'une dou-
zaine de lampes de cuivre; pouvez-vôus m.e la
fournir ? Le vendeur lui dit qu'il en manquoit
quelques-unes , mais s'il vouloit fe donner pa-
tience jufqu'au lendemain , qu'il la fourniroit
complette à l'heure qu'il voudroit. Le magi-
cien le voulut bien ; il lui recommanda qu'elles
fuflent propres de bien polies : après lui avoif
promis qu'il le paieroit bien, il fe retira dans
fon khan.
Le lendemain , la douzaine de lampes fut
livrée au magicien afriquain , qui les paya au
prix qui lui fut demandé , fans en rien dimi-
nuer. Il les mit dans un panier dont il s'étoit
pourvu exprès ; & avec ce panier au bras il alla
vers le palais d'Aladdin , & quand il s'en fut
approché, il fe mit à crier : Qui veut changer
de vieilles lampes pour des neuves ? A mefur©
qu'il avançoit, & d'aufli loin que les petits en-
fans qui jouoient dans la place l'entendirent,
ils accoururent , & ils s'aifemblèrent autour de
lui avec de grandes huées, & le regardèrent
comme un fou. Les paffans rioient même de fa
bêtife , à ce qu'ils s'imaginoient : Il faut , di-
foient-ils, qu'il ait perdu l'efprit, pour offrir de
changer des lampes neuves contre des vieilles.
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