Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

'^yo Les mille et une Nuits,
îîir. Vous devez juger comme moi que ce n'étoit
pas fans raifon que mon faux & méchant oncle
s'étoit donné tant de mouvemens & avoit en-
trepris un fi long & pénible voyage , puifque
c'étoit pour parvenir à la pofTeiîion de cette
lampe merveilleufe , qu'il avoit préféré à tout
l'or & l'argent qu'il favoit être dans les falles,
& que j'ai vu moi - même , comme il m'en
•dvoit averti. Il favoit trop bien le mérite & la
valeur de cette lampe , pour ne demander autre
chofe d'un tréfbr fi riche : puifque le hafard
nous en fait découvrir la vertu , faifons-en un
ufage qui nous foit profitable , mais d'une ma-
nière qui foit fans éclat , & qui ne nous attire
pas l'envie & la jaloufie de nos voifins. Je veux
bien l'ôter de devant vos yeux, & la mettre
dans un lieu oii je la trouverai quand il en
fera befoin, puifque les génies vous font tant
de frayeur. Pour ce qui eft de l'anneau , je ne
faurois auffi me réfoudre à le jeter : fans cet
anneau , vous ne m'euffiez jamais revu ; & fi
je vivois à l'heure qu'il eft, ce ne feroit peut-
être que pour peu de momens. Vous me per-
mettrez donc de le garder & de le porter tou-
jours au doigt bien précieufement ; qui fait
s'il ne m'arrivera pas quelqu'autre danger que
nous ne pouvons prévoir ni vous ni moi , dont
jU pourra me délivrer ? Comme le raifonnement