Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes» yi
entrer la populace pour commencer le pillage,
qui fe fit avec une extrême avidité » & avec
des cris dont la mère & la fœur de Ganem
furent d'autant plus épouvantées , qu'elles en
ignoroient la caufe. On emporta les plus pré-
cieux meubles ,
des coffres pleins de richefTes ,
des tapis de Perfe & des Indes, des couffins
garnis d'étoffes d'or & d'argent , des porce-
laines; enfin on enleva tout, on ne laifla dans
la maifon que les murs ; & ce fut un fpeda-
cle bien affligeant pour ces mallieureufes dames
de voir piller tous leurs biens , fans favoir pour-
quoi on les traitoit fi cruellement.
Mohammed , après le pillage de la maifon ,
donna ordre au juge de police de la faire rafec
avec le tombeau; & pendant qu'on y travail-
îoit , il emmena dans fon palais Force des cçeurs
& fa mère. Ce fut-là qu'il redoubla leur afHidion,
en leur déclarant les volontés du calife. Il veut ,
leur dit-il , que je vous falfe dépouiller , &
que je vous expofe toutes nues aux yeux du
peuple pendant trois jours. Ceft avec une ex-
trême répugnance que je fais exécuter cet arrêt
cruel &c plein d'ignominie. Le roi prononça ces
paroles d'un air qui falfoit connoître qu'il étoit
elfeclivement pénétré de douleur & de com-
paffion. Quoique la crainte d'être détrôné
l'empêchât de fuivre les mouvemens de fa
Dij