Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes A r a fi e s. Sr
autres dames de parpître quand il en feroU
tems.
Les chofes étant ainfi réglées. Tourmente
fut annoncée par le fyndic au malade , qui fut
fî charmé de la revoir , que peu s'en fallut
qu*il ne s'évanouît encore. Hé bien, Ganem,
lui dit-elle en s'approchant de fort lit, vous
retrouvez votre Tourmente, que vous vous imaginiez
avoir perdue pour jamais. Ah ! madame,
interrompit - il avec précipitation, par quel,
miracle venez-vous vous offrir à mes yeux ?
je vous croyois au palais du calife : ce prince
vous a fans doute écoutée ; vous avez diffipé fes
foupçons, & Jil vous a redonné fa tendrefle.
Oui, mon cher Ganem, reprit Tourmente, je
me fuis juftifiée dans Tefprit du commandeur
des croyans , qui , pour réparer le mal qu'il
vous a fait fouffrir , me donne à vous pour
époufe. Ces dernières paroles causèrent à Ganem
une joie fi vive , qu'il ne put d'abord
s'exprimer que par ce filence tendre fi connu
des amans. Mais il le rompit enfin : A h ! belle
Tourmente, s'écria-t-il, puis-je ajouter foi au
difcours que vous me tenez ? croirai-je qu'en
effet le calife vous cède au fils d'Abou Aibou?
Rien n'eft plus véritable , repartit la dame :
ce prince qui vous faifoit auparavant chercher
pour vous ôter la vie, 5c qui, dans fa fureur.
Tome JT, F