Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

520 Les mille et une Nuits,
foit plus croyable que l'autre; ainfi levons-nous ^
& allons' nous - mêmes fur les lieux recon-
noître de quel côte efl: la vérité ; je ne vois
pas un autre moyen de nous éclàircir de nos
doutes , & de nous mettre refprit en repos.
En difant ces paroles , le calife fe leva , la
princefle le fuivit , & Mefrour en marchant devant
y pour ouvrir la portière : Commandeur
des croyans , dit-il , J'ai bien de la joie que
votre majefté ait pris ce parti ; & j'en aurai
une bien plus grande , quand j'aurai fait voir
à la nourrice , non pas qu'elle radote , puifque
cette expreflion a eu le malheur de déplaire à
ma bonne maîtrefle , mais que le rapport qu'elle
lui a fait n'eft pas véritable.
La nourrice ne demeura pas fans réplique s
iTais-toi , vifage noir , reprit-elle ; il n'y a ici
perfonne que toi qui puiife radoter.
Zobéïde qui étoit extraordinairement outrée
contre Mefrour , ne put fouffrir qu'il vînt en-
core à la charge contre fa nourrice. Elle prit
encore fon parti : Méchant efclave , lui dit-«
elle ; quoi que tu puifles dire , je maintiens
qye ma nourrice a dit la vérité ; pour toi , je
ne te regarde que comme un menteur.
Madame , reprit Mefrour , fi la nourrice efl
fi fortement alïurée que Nouzhatoul - Aouadat
eft vivante, & qu'Abou HaiTan eft mort^ quelle
gagd