Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. 4,05»
foudre. Tout autre que lui en eût été accablé;
mais une jaloufîe fecrète l'empêcha d'y demeu-
rer long-tems. Dans le moment , il fe fouvint
de la lampe qui lui avoit été fi utile jufqu'a-
lors ; & fans aucun emportement en vaines pa-
roles contre le fultan , contre le grand-vifir,
ou contre le fils de ce miniftre , il dit feulement
: Ma mère , le fils du grand-vifir ne fera
peut-être pas cette nuit aufli heureux qu'il fe
le promet; pendant que je vais dans ma cham-
bre pour un moment, préparez-nous à Couper.
La mère d'Aladdin comprit bien que fon
fils vouloit faire ufage de la lampe pour em-
pêcher , s'il Jtoit poflible , que le mariage du
fils du grand-vifir avec la princeiTe ne vînt juf-
qu'à la confommation , & elle ne fe trompoit
pas. En effet , quand Aladdin fut dans fa cham-
bre , il prit la lampe merveilleufe qu'il y avoit
portée , en l'ôtant de devant les yeux de fa
mère , après que l'apparition du génie lui eut
fait une fi grande peur; il prit, dis-je, la lampe,
& il la frotta au même endroit que les autres
fois. A l'inftant , le génie parut devant lui :
Que veux-tu , dit-il à Aladdin , me voici prêt
à l'obéir comme ton efclave ^ & de tous ceux
qui ont la lampe à la main , moi & les autres
efclaves de la lampe. Ecoute, lui dit Aladdin,
tu m'as apporté jufqu'à préfent de quoi me.