Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. yi^
je reçois. Jamais je ne Toublierai , aimable pria»
cefTe , d'avoir" retrouvé en buvant dans votre
gobelet , une vie dont votre cruauté m'eût
fait perdre refpérance , fi elle eut continué.
La princelFe Badroulboudour qui s'ennuyoit
du difcours à perte de vue du magicien afri*
quain : Buvons , dit-elle , en l'interrompant ,
vous reprendrez après ce que vous voulez me
dire. En méme-tems elle porta à la bouche
le gobelet qu'elle ne toucha que du bout des
lèvres , pendant que le magicien afriquain fe
prefla fi fort de la prévenir , qu'il vuida le fiea
fans en laifler une goutte. En achevant de le
Vuider, comme il avoit un peu penché la tête
en arrière pour montrer fa diligence , il de-
meura quelque tems en cet état ; jufqu'à ce
que la princefTe , qui avoit toujours le bord du
gobelet fur Cqs lèvres, vit que les yeux lui tour-
noient, & qu'il tomba fur le dos fans fentiment»
La princeffe n'eut pas befoin de comman-
der qu'on alla;: ouvrir la porte fecrète à Aiad-
din. Ses femm.es qui avoient le mot, s'étoient
difpofées d'efpace en efpace depuis le fallon
jufqu'au bas de l'efcalier ; de manière que le
magicien afriquain ne fut pas plutôt tombé à
la renverfe , que la porte lui fut ouverte pref-
que dans le moment,
Aladdin monta, & il entra dans le falîoa,
Kkij