Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

'^^6 Les mille et une Nuits,
Selon toutes les apparences, on ne devoît
plus entendre parler d'Aladdin ; mais celui-là
même qui avoit cru le perdre pour jamais ,
n'avoit pas fait attention qu'il lui avoit mis au
doigt un anneau qui pouvoit fervir à le fau-
ver. En effet, ce fut cet anneau qui fut caufe
du falut d'Aladdin , qui n'en favoit nullement
la vertu ; & il efl: étonnant que cette perte ,
jointe à celle de la lampe , n'ait pas jeté ce
magicien dans le dernier défefpoir. Mais les
magiciens font fi accoutumés aux difgraces &
aux évènemiCns contraires à leurs fouhaits , qu'ils
p.e cefTent tant qu'ils vivent de fe repaître de
fumée, de chimères & de vifions.
Aladdin qui ne s'attendoit pas -à la mé-
chanceté de fon faux oncle , après les caref-
fes & le bien qu'il lui avoit faits , fut dans
un étonnement qu'il eft plus aifé d'imaginer
que de repréfenter par des paroles. Quand il
fe vit enterré tout vif, il appela mille fois fon
oncle , en criant qu'il étoit près de lui don-
ner la lampe ; mais fes cris étoient inutiles , Se
il n'y avoit plus de moyen d'être entendu ;
ainfi il demeura dans les ténèbres & dans l'obf-
curité. Enfin, après avoir donné quelque relâche
à fes larmes , il defcendit jufqu'au bas de l'ef-
calier du caveau pour aller chercher la lumière
dans le jardin où il avoit déjà