Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

17^ Les mille et une Nuit?,
enfemble ils femblolent s'accorder avec touâ
les inftrumens de mufique dont ils étoiedt ac-
compagnés. Ces fêtes étoient ordinairement
terminées par dts bals , ou les meilleurs dan-
feurs & baladins de l'un & de l'autre fexe de
k ville de Bagdad étoient appelés. Tous ces
divertilTemens renouvelles chaque jour par des
plaifirs nouveaux, jetèrent Abou Haflan dans
des dépenfes (i prodigieufes , qu'il ne put con-
tinuer une fi grande profufion au-delà d'une
année. La groffe fomme qu'il avoit confacrée
à cette prodigalité , & l'année finirent enfem-
ble. Dès qu'il eut celTé de tenir table, fes
amis difparurent ; il ne les rencontroit pas
mêm-e en quelque endroit qu'il allât. En effet,
ils le fuyoient dès qu'ils l'appercevoient ; &
lî par halard il en joignoit quelqu'un & qui!
voulût l'arrêter, il s'excufoit fur différens pré-
textes.
Abou Haffan fut plus fenfible à la conduite
étrange de fes amis qui l'abandonnoient avec
tant d'indignité & d'ingratitude , après toutes
les démonftrations & les proteftations d'amitié
qu'ils lui avoient faites , & d'avoir pour lui
un attachement inviolable , qu'à tout l'argent
qu'il avoit dépenfé avec eux fi mal-à-propos.
,Trifte , rêveur , la tête baifTée & avec un vi-
fage fur lequel uij morne chagrin étoit dépeint,
a