Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

422 Les mille' et une Nuit^,^
dit-il tout en colère & le fabre à la main
ou vous me direz ce que vous me cachez , ou
je vais vous couper la tête tout-à-rheure.
La princefle , plus effrayée du ton & de la
menace du fultan offenfé , que de la vue du
fabre nud , rompit enfin le lilence : Mon
>
cher
père & mon fultan, s'écria- 1- elle les larmes
aux yeux , je demande pardon à votre ma-
jefté , fi je l'ai ofFenfée ; j'efpère de fa bonté
& de fa clémence qu'elle fera fuccéder la
compaflion à la colère , quand je lui aurai fait
le récit fidèle du trifte & pitoyable état où
je me fuis trouvée toute cette nuit & toute
la nuit paifée.
Après ce préambule qui appaifa & qui at-
tendrit un peu le fultan , elle lui raconta fidè-
lement tout ce qui lui étoit arrivé pendant
ces deux fâcheufes nuits , mais d'une manière
fi touchante qu'il en fut vivement pénétré de
douleur , par l'amour & par la tendrefife qu'il
avoit pour elle. Elle finit par ces paroles : Si
votre majefté a le moindre doute fur le récit
que je viens de lui faire , elle peut s'en in-
former de l'époux qu'elle m'a donné i je fuis
perfuadée qu'il rendra à la vérité le même té-
moignage que je lui rends.
Le fultan entra tout de bon dans la peine