Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

ï'jS Les MILLE ET UNE NuiTS,
le bien que l'on difolt de nous avant d'y êtr^
tombés ; elle nous réduit à ne marcher qu'en
prenant des mefures pour ne pas être remar-
qués 5 & à pafTer les nuits en verfant des lar-
mes de fang. En un mot, celui qui eft pauvre
n'eft plus regardé , même par fes parens & par
fes amis, que comme un étranger. Vous favez,
ma mère , pourfuivit-il , de quelle manière j'en
ai ufé avec mes amis depuis un an. Je leur ai
fait toute la bonne chère que j'ai pu imaginer,
îufqu'à m'épuifer ; ôc aujourd'hui , que je n'ai
plus de quoi la continuer, je m'apperçois qu'ils
m'ont tous abandonné. Quand je dis que je
n'ai plus de quoi continuer à leur faire bonne
chère, j*entends parler de l'argent que j'avois
niis à part pour l'employer à l'ufage que j'en
ai fait. Pour ce qui eft de mon revenu , je rends
grâces à dieu de m'avoir infpiré de le réfer-
ver , fous la condition & fous le ferment que
j'ai fait de n'y pas toucher pour le dillîper fi
follement. Je l'obferverai ce ferment, & je fais
le bon ufage que je ferai de ce qui me refte
il heureufement. Mais auparavant , je veux
éprouver jufqu'à quel point mes amis , s'ils
méritent d'être appelés de ce nom , poufTeront
lesir ingratitude. Je veux les voir tous l'un aprèsi
Tautre ; & quand je leur aurai repréfenté les
eftûrts que j'ai faits pî^ur l'amour d'eux ^ je les*