Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

110 Les mille et une Nuits,
fe ternifToit toujours. Toutes les filles de h
Cour & de la ville , qui fe trouvèrent dans
leur -quinzième année, fubirent l'examen Tune
après l'autre , & jamais la glace ne fe conferva
pure & nette.
Quand ils virent qu'ils ne pouvoient ren-
contrer des filles chaftes au Caire, ils allèrent
à Bagdad. Ils louèrent un palais magnifique
dans un des plus beaux quartiers de la ville.
Ils commencèrent à faire bonne chère. Ils te-
noient table ouverte ; & après que tout le
monde avoit mangé dans le palais, on portoit
le refte aux derviches qui par-là fubfiftoient
commodément.
Or il y avoit dans le quartier un iman appelé
Boubekir Muezin. C'étoit un homme vain , fier
& envieux. Il haïffoit les gens riches , feulement
parce qu'il étoit pauvre. Sa misère Tai-
grifioit contre la profpérité de fon prochain.
Il entendit parler de Zeyn Alafnam & de
l'abondance qui regnoit chez lui. Il ne lui en
fallut pas davantage pour prendre ce prince
en averfion. Il poulTa même la chofe û loin
qu'un jour dans la mofquée il dit au peuple
après la prière du foir : O mes frères, j'ai oui
dire qu'il eft venu loger dans notre quartier
un étranger qui dépenfe tous les jours des
fommes immenfes. Que fait-on ? cet inconnu
,