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LA NATURE DES CHOSES

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242 DE NATURA RERUM, LIBER IV<br />

Namque figurarum ratio ut motusque reposeunt,<br />

Proinde foraminibus debent differre figurae,<br />

66o Et variare vise, proinde ac textura coercet .<br />

Hoc ubi quod suave est aliis, aliis fit amarum,<br />

Illi, cui suave est, laevissima corpora debent<br />

Contractabiliter caulas intrare palati<br />

At contra, quibus est eadem res intus acerba,<br />

665 Aspera nimirum penetrant hamataque fauces .<br />

Nunc facile est ex his rebus cognoscere quÈque .<br />

Quippe, ubi cui febris, bili superante, coorta est,<br />

Aut alia ratione aliquast vis excita morbi,<br />

Perturbatur ibi jam totum corpus, et omnes<br />

670 Commutantur ibi positurae principiorum<br />

Fit prius ad sensum ut qua corpora conveniebant<br />

Nunc non conveniant, et citera sint magis apta,<br />

QuÈ penetrata queunt sensum progignere acerbum .<br />

Utraque enim sunt in mellis commixta,,sapore,<br />

675 Id quod jam supera tibi sÈpe ostendimus ante .<br />

Nunc age, quo pacto nares adjectus odoris<br />

Tangat, agam . Primum res multas esse necessest,<br />

Unde fluens volvat varius se fluctus odorum .<br />

Et fluere, et mitti volgo, spargique putandumst .<br />

6so Verum aliis alius magis est animantibus aptus,<br />

Dissimiles propter formas, ideoque per auras<br />

Mellis apes, quamvis longe, ducuntur odore,<br />

Volturiique cadaveribus ; tum fissa ferarum<br />

Ungula quo tulerit gressum, promissa canum vis<br />

665 Ducit, et humanum longe proesentit odorem<br />

Romulidarum arcis servator, candidus anser .<br />

Sic allis alius nidor datus ad sua quemque<br />

Pabula ducit, et a tetro resilire veneno<br />

Cogit, eoque modo servantur soecla ferarum .<br />

690 Hic odor ipse igitur, nares quicumque lacessit,<br />

Est alio ut possit permitti longius alter .<br />

Sed tamen haud quisquam tam longe fertur eorum<br />

DE <strong>LA</strong> <strong>NATURE</strong>, LIVRE IV 243<br />

Mes principes d'explication te livrent maintenant tout<br />

le reste . Ainsi, quand une fiévre se dçclare, provoquçe<br />

par un excés de bile ou par toute autre cause, l'harmonie<br />

de tout le corps se trouble profondçment et l'ordre des 670<br />

atomes se trouve bouleversç ; il en rçsulte que les substances<br />

accordçes jusque-lÉ É nos sens perdent alors leur<br />

convenance, tandis que s'adaptent parfaitement celles<br />

qui d'ordinaire provoquaient un dçsagrçment . Les deux<br />

effets se trouvent rçunis dans la saveur du miel, comme je 675<br />

te l'ai dçjÉ fait voir bien des fois .<br />

Aux odeurs maintenant ; voici comment elles viennent<br />

frapper nos narines . Tout d'abord il faut qu'il y ait une<br />

foule de corps d'oΠ s'çchappe en tourbillon le flot des<br />

odeurs variçes . àvidemment, cela s'çcoule, s'çmet et se 6e6<br />

rçpand de tous cètçs, mais telle odeur convient mieux É<br />

telle crçature, et telle É telle autre, suivant leur diffçrence<br />

d'espéce : ainsi les abeilles sont attirçes É de grandes distances<br />

par l'odeur de miel, les vautours par celle de<br />

cadavre ; lÉ oΠ une bûte fauve a laissç sa trace, les chiens 665<br />

lêchçs vous y conduisent ; et l'odeur humaine excite de loin<br />

le flair de l'oiseau qui sauva la citadelle des fils de Romulus,<br />

l'oie au blanc plumage . C'est ainsi que les effluves propres<br />

É chaque ûtre guident l'animal É sa pêture ; c'est ainsi<br />

encore que le noir poison est çvitç et que les espéces<br />

assurent leur conservation .<br />

De ces odeurs qui frappent nos narines, certaines 6so<br />

portent plus loin que d'autres . Mais cependant aucune ne<br />

va aussi loin que le son, la voix, ou surtout, ai-je besoin<br />

de le dire, les images qui frappent les yeux et provoquent<br />

la vue . L'odeur chemine lentement en vagabonde, elle 695<br />

meurt en route peu É peu, se dissipant dans l'air qui<br />

l'absorbe ; car c'est avec peine qu'elle sort des profondeurs<br />

du corps oΠ elle s'est formçe . Toute çmanation de<br />

cette sorte vient en effet de l'intçrieur des substances, 700<br />

comme on en a la certitude en voyant les corps brisçs,<br />

broyçs ou consumçs dans le feu, exhaler un parfum plus

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