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1 5 4 DE NATURA RERUM, LIBER III<br />
Atque anima est animer proporro totius ipsa .<br />
Quod genus, in nostris membris et corpore toto,<br />
Mixta latens animi vis est animaeque potestas,<br />
Corporibus quia de parvis paucisque creatast<br />
280 Sic tibi nominis hÈ c expers vis, facta minutis<br />
Corporibus, latet ; atque animer quasi totius ipsa<br />
Proporrost anima, et dominatur corpore toto .<br />
Consimili ratione necessest ventus, et aer,<br />
Et calor inter se vigeant, commixta per artus,<br />
285 Atque alês aliud subsit magis emineatque,<br />
Ut quiddam fieri videatur ab omnibus unum<br />
Ni caler, ac ventus seorsum, seorsumque potestas<br />
Aeris interemant sensum, diductaque solvant .<br />
Est etiam calor ille animo, quem sumit in ira,<br />
290 Cum fervescit, et ex oculis micat acrius ardor .<br />
Est et frigida multa cornes formidinis aura,<br />
Qua ciet horrorem membris, et concitat artus ;<br />
Est etiam quoque patati status aeris ille,<br />
Pectore tranquillo qui fit voltuque sereno .<br />
295 Sed calidi plus est illis, quibus acria corda<br />
Iracundaque mens facile effervescit in ira<br />
Quo genere in primis vis est violenta leonum,<br />
Pectora qui fremitu rumpunt plerumque gementes,<br />
Nec capere irarum fluctus in pectore possunt .<br />
300 At ventosa magis cervorum frigida mens est,<br />
Et gelidas citius per viscera concitat auras ;<br />
Quie tremulum faciunt membris existere motum .<br />
At natura boum placido magis aere vivit,<br />
Nec nimis irai fax unquam subdita percit<br />
305 Fumida, suffundens caca caliginis umbram ;<br />
Nec gelidis torpet telis perfixa pavons<br />
Interutrasque sita est, cervos savosque leones .<br />
Sic hominum genus est : quamvis doctrina politos<br />
Constituat pariter quosdam ; tamen illa relinquit<br />
310 Natura cujusque animi vestigia prima .<br />
Nec radicitus evelli mala posse putandum est,<br />
DE <strong>LA</strong> <strong>NATURE</strong>, LIVRE 111 155<br />
s'engendrent dans nos organes les mouvements sensitifs .<br />
Cette quatriÉme substance se trouve dissimulçe, cachçe,<br />
enfouie en nous ; rien n'est enfoncç plus intimement<br />
dans notre corps ; elle constitue vraiment l'àme de notre 275<br />
àme . De méme qu'Π travers nos membres et dans tout<br />
notre corps se mélent et se dissimulent les forces de<br />
l'esprit et de l'àme, gràce Π la petitesse et Π la raretç de<br />
leurs particules, de méme cette force sans nom, composçe 280<br />
d'çlçments infimes, se cache aussi ; elle est, pour ainsi<br />
dire, l'àme de toute l'àme et rÉgne sur le corps entier . Il<br />
faut pareillement que souffle, air et chaleur existent entremélçs<br />
dans nos membres, mais que l'un de ces çlçments 285<br />
prçdomine aux dçpens des autres, pour que de l'ensemble<br />
se dçgage une certaine unitç : car il ne faut pas que la<br />
chaleur et le souffle agissant d'un c«tç, la puissance de<br />
l'air agissant d'un autre, dçtruisent la sensibilitç et<br />
rompent le faisceau de la vie .<br />
Il y a dans l'esprit une chaleur qu'il rassemble quand,<br />
enflammç de colÉre, il fait briller les yeux d'un çclat plus 290<br />
ardent. L'esprit possÉde aussi ce souffle froid, compagnon<br />
de la crainte, qui met le frisson dans les membres<br />
et les fait trembler. 11 possÉde encore la paix de l'air qui<br />
fait les coeurs tranquilles et les visages sereins . Mais<br />
c'est la chaleur qui domine chez les étres dont les coeurs 295<br />
sont violents, dont l'esprit s'abandonne facilement aux<br />
çchauffements de la colÉre . En cette espÉce, la premiÉre<br />
place revient Π la sauvagerie des lions, qui de leurs<br />
rugissements parfois rompent leur poitrine et ne peuvent<br />
y contenir les flots de leur fureur . Il y a plus de Souffle 300<br />
dans l'àme froide des cerfs ; aussi les ,courants glacçs<br />
passent-ils plus promptement dans leur chair pour<br />
provoquer le tremblement de tous leurs membres .<br />
Le boeuf a une nature où domine l'air paisible ; jamais<br />
la torche de la colÉre, allumçe en lui, ne l'excite et ne<br />
rçpand de fumçes qui l'aveuglent de leurs ombres noires ; 305<br />
jamais non plus, les traits glacçs de la peur ne le traversent<br />
pour le paralyser ; il tient le milieu entre les<br />
cerfs et les lions cruels .