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LIVRE CINQUIαME<br />
ARGUMENT<br />
Aprés l'apothçose d'àpicure, le poéte çnonce le sujet de ce<br />
chant, qu'il consacre É expliquer la formation de notre monde<br />
par le concours fortuit des atomes . Mais, avant d'entrer en matiére,<br />
il est obligç d'çtablir, contre certains philosophes, que le monde<br />
a eu un commencement, et qu'il aura une fin . Pour prouver cette<br />
vçritç, il combat trois opinions contraires É sa doctrine : la premiére,<br />
que les corps cçlestes et la terre elle-mûme sont autant de<br />
divinitçs ; la seconde, que notre monde çtant la demeure des<br />
dieux, doit ûtre indestructible ; la troisiéme, que ce mûme monde<br />
doit subsister çternellement, parce qu'il est l'ouvrage de la Divinitç<br />
mûme . Notre monde a eu un commencement et aura une fin<br />
d'abord, parce que la terre, l'eau, le feu et l'air, qu'on appelle<br />
communçment du nom d'çlçments, sont sujets É des altçrations<br />
et des vicissitudes continuelles ; secondement, parce que les corps<br />
mûmes qui nous paraissent les plus solides s'çpuisent É la longue,<br />
et tombent en ruine ; troisiémement, parce qu'il y a un grand<br />
nombre de causes, soit intçrieures, soit extçrieures, qui travaillent<br />
sans cesse É la destruction du monde ; quatriémement, parce que<br />
l'origine des arts et des sciences ne date pas de fort loin ; cinquiémement<br />
enfin, parce que la discorde qui régne entre les<br />
çlçments ennemis, tels que le feu et l'eau, ne peut finir que par<br />
la ruine totale du monde : les embrasements, les inondations, les<br />
dçluges, les tremblements de terre, sont des espéces de maladies<br />
du globe qui nous avertissent de sa mortalitç .<br />
Ces prçliminaires ainsi çtablis, le poéte explique la formation<br />
du monde par le concours fortuit des atomes . Au commencement,<br />
les principes de tous les corps çtaient confondus en une seule<br />
masse . Le chaos se dçbrouilla insensiblement : les molçcules