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302 DE NATURA RERUM, LIBER V<br />
Tentarentur, ibi si tristior ineubuisset<br />
Causa, darent late cladem magnasque ruinas,<br />
Nec ratione alia mortales esse videmur<br />
350 Inter nos, nisi quod morbis Ègrescimus isdem<br />
Atque illi quos a vita natura removit.<br />
Prz terea, quÈcumque manent oeterna necessest 31,<br />
Aut quia sunt solido cum corpore, respuere ictus<br />
Nec penetrare pati sibi quidquam quod queat artas<br />
355 Dissociare intus partes, ut materiai<br />
Corpora sunt, quorum naturam ostendimus ante ;<br />
Aut ideo durare Ètatem posse per omnem,<br />
Plagarum quia sunt expertia, sieut inane est,<br />
Quod manet intactum, neque ab ictu fungitur hilum ;<br />
360 Aut etiam, quia nulla loci fit copia circum<br />
Quo quasi res possint discedere dissolvique ;<br />
Sieut summarum summa est Èterna, neque extra<br />
Qui locus est quo dissiliant, neque corpora sunt quÈ<br />
Possint incidere et valida dissolvere plaga .<br />
365 At neque (uti docui solido cum corpore mundi<br />
Natura est, quoniam admixtum est in rebus inane,<br />
Nec tamen est ut inane : neque autem corpora desunt,<br />
Ex infinito quÈ possint forte coorta<br />
Proruere hane rerum violento turbine summam,<br />
370 Aut aliam quamvis cladem importare perieli .<br />
Nec porro natura loci spatiumque profundi<br />
Deficit, exspergi quo possint meenia mundi<br />
Aut alia quavis possunt vi pulsa perire .<br />
Haud igitur leti prÈclusa est janua ewlo,<br />
375 Nec soli, terrwque, neque altis Èquoris undis ;<br />
Sed patet immani, et vasto respectat hiatu .<br />
Quare etiam nativa necessum est confiteare<br />
Hwe eadem : neque enim, mortali corpore quÈ sunt,<br />
Ex infinito jam tempore adhue potuissent<br />
380 Immensi validas Èvi contemnere vires.<br />
Denique tantopere inter se cum maxima mundi<br />
Pugnent membra, pie nequaquam concita bello,<br />
DE <strong>LA</strong> <strong>NATURE</strong>, LIVRE V 303<br />
terres ont submergé les cités . Ce serait une raison de plus<br />
pour que tu avoues ta défaite et reconnaisses que la terre 345<br />
et le ciel sont eux-mçmes destinés É périr . En effet, quand<br />
le monde souffrait de tant de maux et supportait l'épreuve<br />
de si graves périls, il n'eΠt fallu que l'invasion d'un fléau<br />
plus funeste encore pour lui infliger un désastre décisif<br />
et n'y laisser que ruines . Nous-mçmes, comment nous<br />
reconnaissons-nous tous mortels, si ce n'est parce que<br />
nous sommes sujets aux mçmes maladies qui ont retranché<br />
nos semblables du nombre des vivants? 350<br />
Poursuivons : tout corps qui dure éternellement doit<br />
posséder le pouvoir de repousser par la plénitude d'une<br />
solide substance les chocs extérieurs, sans se laisser<br />
entamer par d'autres corps qui risqueraient de rompre<br />
l'étroite cohésion de ses parties (tels sont les éléments 355<br />
premiers de la matiàre dont j'ai précédemment exposé<br />
la nature ; ou bien il est capable de se perpétuer dans<br />
l'infini des èges parce qu'il se rit des coups (tel le vide<br />
intangible et qui ne redoute aucun choc ou encore parce<br />
qu'il n'a autour de lui aucun espace oû les choses puissent 360<br />
en quelque sorte aller s'égarer et se dissoudre : tel cet éternel<br />
ensemble des ensembles hors duquel il n'y a ni lieu<br />
ouvert É la dissipation des parties ni corps pour les heurter<br />
et les briser par violence . Mais, comme je l'ai enseigné, le 365<br />
monde n'est point un corps d'une solide plénitude,<br />
puisque le vide se mçle aux choses ; le monde n'est pas non<br />
plus comme le vide, et il ne manque pas de corps qui<br />
puissent, arrivant en masse des profondeurs de l'infini,<br />
renverser dans leur violent tourbillon son assemblage ou 370<br />
lui infliger quelque autre destruction ; et pas davantage<br />
ne manque un espace, une immensité oû les remparts du<br />
monde puissent s'abêmer, ou quelque force les faire tomber<br />
sous ses coups . La porte de la mort n'est donc fermée ni<br />
au ciel, ni au soleil, ni É la terre, ni aux profondes eaux de 375<br />
la mer ; elle s'ouvre toute grande sur le gouffre immense<br />
et béant qui doit les engloutir . C'est pourquoi le monde a<br />
eu lui aussi sa naissance, avouons-le : car étant de substance<br />
mortelle, il n'eΠt pu, pendant des siàcles et jusqu'É