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34 DE NATURA RERUM, LIBER I<br />
Denique, si nullam finem natura parasset<br />
Frangendis rebus, jam corpora materiai<br />
Usque redacta forent, aevo frangente priore,<br />
555 Ut nil ex illis a certo tempore posset<br />
Conceptum, summum aetatis pervadere finem .<br />
Nam quidvis citius dissolvi posse videmus<br />
Quam rursus refici : quapropter longs diei<br />
Infinita aetas anteacti temporis omnis<br />
560 Quod fregisset adhuc, disturbans dissolvensque,<br />
Nunquam relicuo reparari tempore posset .<br />
At nunc nimirum frangendi reddita finis<br />
Certa manet, quoniam refici rem quamque videmus,<br />
Et finita simul generatim tempora rebus<br />
565 Stare, quibus possint aevi contingere florem .<br />
Hue accedit uti, solidissima materiai<br />
Corpora cum constant, possint tamen omnis reddi<br />
Mollis quae flunt, aer, aqua, terra, vapores,<br />
Quo pacto fiant, et qua vi cumque gerantur,<br />
570 Admixtum quoniam semei est in rebus inane .<br />
At contra, si mollis sint primordia rerum,<br />
Unde queant validi silices ferrumque creari<br />
Non poterit ratio reddi : nain funditus omnis<br />
Principio fundamenti natura carebit .<br />
575 Sunt igitur solida polientia simplicitate,<br />
Quorum condenso magis omnis conciliatu<br />
Artari possunt, validasque ostendere vires .<br />
Denique jam quoniam generatim reddita finis<br />
Crescendi rebus constat vitamque tenendi,<br />
580 Et quid quelque queant per fcedera naturai,<br />
Quid porro nequeant, sancitum quandoquidem exstat<br />
Nec commutatur quidquam ; quin omnis constant<br />
Usque adeo, varice volucres ut in ordine cunetae<br />
Ostendant maculas generales corpori finesse<br />
585 Immutabile materiae quoque corpus habere<br />
Debent nimirum. Nam si primordia rerum<br />
Commutari aliqua possent ratione revicta,<br />
DE <strong>LA</strong> <strong>NATURE</strong>, LIVRE I 35<br />
destruction des choses, les àlàments de la matière rongàs<br />
par tant de siècles se trouveraient maintenant ràduits au<br />
point qu'aucun corps nà d'eux Π partir d'une certaine 555<br />
àpoque ne serait capable d'atteindre au terme de son ûge .<br />
Car nous voyons que les corps peuvent se dissoudre plus<br />
vite qu'ils ne se reforment ; aussi ce que la longue duràe<br />
des jours, l'infinità des temps accomplis aurait brisà, dis- 560<br />
sous, dàtruit, ne pourrait jamais se refaire dans les temps<br />
qui suivraient. Mais àvidemment un terme immuable de<br />
destruction a àtà fixà, puisque chaque corps dàtruit se<br />
reforme, nous le voyons, et que chaque espèce d'Étres arrive<br />
dans un temps donnà Π la fleur de son ûge .<br />
565<br />
Il y a plus : les corps premiers de la matière, les atomes,<br />
ont beau offrir une solidità absolue, on peut cependant<br />
expliquer la formation et les modes d'existence des corps<br />
de nature fluide, tels que l'air, l'eau, la terre, les vapeurs,<br />
car il suffit d'admettre que le vide se mÉle Π tous les corps . 570<br />
Supposera-t-on que les atomes soient mous? Il sera alors<br />
impossible d'expliquer la naissance des roches, celle du fer,<br />
car la nature sera privàe de ses bases initiales . Mais non,<br />
les atomes sont solides et forts de leur simplicità essen- 575<br />
tielle ; et c'est leur union plus àtroite qui peut former tous<br />
les corps durs et ràsistants .<br />
Ainsi donc la nature, dans chaque espèce, a fixà des<br />
bornes Π l'accroissement et Π la duràe des corps ; elle a fixà<br />
les limites de leur pouvoir par des lois inviolables ; rien 580<br />
ne se modifie jamais, mais au contraire tout reste constant,<br />
au point que de gànàration en gànàration les oiseaux<br />
divers portent sur leur corps certaines marques distinctives<br />
de chaque espèce . Eh bien, ne s'ensuit-il pas àvidemment<br />
que leur substance doit Étre formàe d'àlàments immuables? 585<br />
Car si les corps premiers pouvaient subir quelque dàfaite<br />
qui les modifiût, il ne serait plus possible de fixer ce qui<br />
peut ou ne peut pas naêtre, on ne saurait plus comment<br />
le pouvoir des Étres se trouve bornà par leur immuable