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338 DE NATURA RERUM, LIBER V<br />
Pabula viva feris prabebat dentibus haustus ;<br />
M Et nemora ac montes gemitu silvasque replebat,<br />
Viva videns vivo sepeliri viscera busto .<br />
At quos effugium servarat, corpore adeso,<br />
Posterius tremulas super ulcera tetra tenentes<br />
Palmas, horriferis accibant vocibus Orcum,<br />
M Donique eos vita prvarunt vermina sava,<br />
Expertes opis, ignaros quid volnera vellent .<br />
At non multa virum sub signis millia ducta<br />
Una dies dabat exitio ; nec turbida ponti<br />
1Equora lÈdebant naves ad saxa, virosque<br />
Loo0Hic temere incassum frustra mare sape coortum<br />
Saevibat, leviterque minas ponebat inanes .<br />
Nec poterat quemquam placidi pellacia ponti<br />
Subdola pellicere in fraudem ridentibus undis .<br />
Improba navigii ratio tum caca jacebat .<br />
lOOSTum penuria deinde cibi languentia leto<br />
Membra dabat ; contra nunc rerum copia mersat .<br />
Illi imprudentes ipsi sibi sape venenum<br />
Vergebant, nunc dant alils solertius ipsi .<br />
Inde casas postquam, ac pelles, ignemque pararunt,<br />
loloEt mulier conjuncta viro concessit in unum,<br />
Castaque privatÈ Veneris connubia laeta<br />
Cognita sunt, prolemque ex se videre creatam,<br />
Tum genus humanum primum mollescere ceepit .<br />
Ignis enim curavit ut alsia corpora frigus<br />
iol5Non !ta jam possent cÈli sub tegmine ferre ;<br />
Et Venus imminuit vires, puerique parentum<br />
Blanditiis facile ingenium fregere superbum .<br />
Tune et amicitiam cceperunt jungere, aventes<br />
Finitimi inter se, nec laedere, nec violare ;<br />
io2oEt pueros commendarunt, muliebreque saclum<br />
Vocibus, et gestu, cum balbe significarent<br />
Imbecillorum esse aquum misererier omnes .<br />
Non tamen omnimodis poterat concordia gigni ;<br />
Sed bona magnaque pars servabat foedera caste<br />
io25Aut genus humanum jam tum foret omne peremptum,<br />
DE <strong>LA</strong> <strong>NATURE</strong>, LIVRE V<br />
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vent que l'un d'eux, surpris par les bçtes, leur offrait une<br />
proie vivante pour leurs dents cruelles et remplissait de seo<br />
ses cris les bois, les monts et les forçts en voyant sa chair<br />
ensevelie vivante dans un tombeau vivant . Certains,<br />
sauvés par la fuite mais le corps mutilé, tenant leurs<br />
mains tremblantes appliquées sur d'horribles plaies, appelaient<br />
par de terribles cris Orcus, puis mouraient dans ses<br />
d'affreuses convulsions, sans le moindre secours, ignorant<br />
quels soins réclamaient leurs blessures . Mais en revanche,<br />
il n'y avait pas des milliers d'hommes É périr sous les<br />
drapeaux en un jour de bataille, la mer démontée ne<br />
broyait pas sur les rochers des navires avec leur équipage .<br />
C'est pour rien, vainement et en pure perte que les flotslsso<br />
soulevés déchaênaient leur colàre, et sans plus de raison<br />
qu'ils laissaient tomber leur menace inutile . Et la mer<br />
apaisée avait beau multiplier ses sourires, les hommes<br />
ne se laissaient pas prendre au piàge . L'art funeste de la<br />
navigation appartenait encore au néant . Alors c'était laleu5<br />
disette qui livrait le corps épuisé É la mort, tandis que<br />
maintenant c'est l'abondance qui nous y plonge . Souvent<br />
par ignorance les hommes s'administraient eux-mçmes le<br />
poison, aujourd'hui É force d'art nous le donnons aux autres .<br />
Dans la suite, les hommes connurent les huttes, les<br />
peaux de bçtes et le feu ; la femme unie É l'homme devint1o10<br />
le bien d'un seul, les plaisirs de Vénus furent restreints<br />
aux chastes douceurs de la vie conjugale, les parents<br />
virent autour d'eux une famille née de leur sang : alors le<br />
genre humain commenùa É perdre peu É peu sa rudesse .<br />
En effet le feu rendit les corps plus délicats et moins<br />
capables d'endurer le froid sous le seul abri du ciel ; etUo15<br />
Vénus énerva leur vigueur, et les enfants par leurs caresses<br />
n'eurent pas de peine É fléchir le caractàre farouche des<br />
parents . Alors aussi l'amitié unit pour la premiàre fois des<br />
voisins, qui cessàrent de s'insulter et de se battre ; et ils<br />
se recommandàrent mutuellement les enfants ainsi que leslo2o<br />
femmes, faisant entendre confusément de la voix et du<br />
geste qu'il était juste d'avoir pitié des faibles . Assurément<br />
la concorde ne pouvait pas s'établir entre tous, mais les