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DE NATURA RERUM, LIBER I<br />
io75,Eque ponderibus, motus quacumque feruntur .<br />
Nec quisquam locus est, quo corpora cum venere,<br />
Ponderis amissa vi, possint stare in inani :<br />
Nec quod inane auteur est, ulli subsistere debet,<br />
Quin, sua quod natura petit, concedere pergat .<br />
1o8OHaud igitur possunt tali ratione teneri<br />
Res in concilium, medii cuppedine victÈ.<br />
Proeterea quoniam non omnia corpora fingunt<br />
In medium niti, sed terrarum, atque liquoris,<br />
Humorem ponti, magnasque e montibus undas,<br />
1o8SEt quasi terreno qua corpore contineantur<br />
At contra tenues exponunt aeris auras<br />
Et calidos simul a medio differrier ignes,<br />
Atque ideo totum circumtremere athera signis,<br />
Et sous flammam per ceeli carula pasci,<br />
1o9OQuod calor a medio fugiens se ibi colligat omnis<br />
(Quippe etiam vesci e terra morialia soeela ;<br />
Nec prorsum arboribus summos frondeseere ramos<br />
Posse, nisi a terris paulatim cuique cibatum<br />
Terra det ; at supra circum tegere omnia cÈlum,<br />
1095Ne, volucri ritu flammarum, moenia mundi<br />
Diffugiant subito magnum per inane soluta,<br />
Et ne cÈtera consimili ratione sequantur,<br />
Neve ruant coeli tonitralia templa superne,<br />
Terraque se pedibus raptim subducat, et omises<br />
ileelnter permixtas rerum calique ruinas,<br />
Corpora solventes, abeant per inane profundum .<br />
Temporis ut puncto nil exstet reliquiarum,<br />
Desertum prÈter spatium et primordia caca .<br />
Nam quacumque prias de parti corpora desse<br />
11e5Constitues, hÈ c rebus erit pars janua leti.<br />
Hac se turba foras dabit omnis materiai .<br />
HÈc sic pernosces, parva perductus opella,<br />
(Narnque alid ex alio clarescet nec tilii caca<br />
Nox iter eripiet, quin ultima naturai<br />
uiopervideas ; ita res accendent lumina rebus.<br />
DE <strong>LA</strong> <strong>NATURE</strong>, LIVRE I 65<br />
s'appuyer sur le vide : le vide, d'autre part, ne peut<br />
servir d'appui Π quelque corps que ce soit, mais il lui<br />
cûde la place : ainsi l'exige sa nature . Impossible d'ad-loco<br />
mettre, avec ce systûme, que la cohÉsion des choses se<br />
puisse maintenir par l'attrait irrÉsistible d'un centre .<br />
Au reste, ce ne sont pas tous les corps que cette École<br />
imagine en mouvement vers le centre, mais seulement<br />
ceux qui se composent de terre et d'eau, comme les flots<br />
de la mer, les torrents des montagnes et tout ce qui parti-1085<br />
cipe de la nature terrestre : au contraire, les souffles<br />
lÉgers de l'air, les chaudes vapeurs du feu, elle les tient<br />
Π l'Écart du centre ; et si des Étoiles scintillent de toutes<br />
parts dans les airs, si la flamme du soleil se nourrit dans<br />
l'azur du ciel, c'est que la chaleur ÉchappÉe du centre selO9O<br />
rassemble lΠ tout entiûre . Les màmes philosophes reconnaissent<br />
que, sans les sucs nourriciers qui viennent de<br />
la terre, les espûces animales n'auraient point de nourriture,<br />
les arbres ne couvriraient pas de feuillage leurs<br />
plus hautes branches . Enfin, ils enferment les Étoiles<br />
sous la vo«te cÉleste, de peur que, s'envolant commeloos<br />
la flamme, les remparts du monde ne se dÉplacent tout<br />
Π coup, pour aller se perdre dans l'espace . Car tout le<br />
reste suivrait le mouvement ; le ciel, palais du tonnerre,<br />
s'Écroulerait sur nos tàtes ; le sol se dÉroberait sous nos<br />
pieds ; et parmi les ruines confondues de la terre et duuoo<br />
ciel, tous les àtres en dissolution se disperseraient dans<br />
les profondeurs du vide, si bien qu'en un moment rien<br />
ne subsisterait plus que l'espace dÉsert et les atomes<br />
invisibles . Car, en quelque endroit que cesse la continuitÉ<br />
des corps, c'est en cet endroit que s'ouvrira pouriio5<br />
l'univers la porte de la mort, et c'est par lΠ que s'Échappera<br />
toute la poussiûre des choses.<br />
Ainsi, Memmius, guidÉ pas Π pas, tu possÉderas sans<br />
trop de peine ma doctrine ; de vÉritÉ en vÉritÉ une clartÉ<br />
se rÉpandra ; l'aveugle nuit ne pourra pas, te voilant<br />
le chemin, t'empàcher de pÉnÉtrer jusqu'au secret<br />
supràme de la nature . Oui, chaque dÉcouverte sera uniiio<br />
flambeau oô d'autres dÉcouvertes s'allumeront .