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44 4 NOTES<br />
9 . (v. 232 . - Lucràce se laisse ici impressionner par la tradition<br />
mythologique, qui considérait les astres comme des divinités<br />
nourries d'éléments de feu émanés de notre globe .<br />
10 . (v . 639 . - Héraclite est un penseur grec de ce ve siàcle oû<br />
le travail de la pensée s'est fait si actif, dans le but d'expliquer<br />
la formation et la vie de l'univers, Héraclite appartient É l'école<br />
ionienne, qui niait l'existence du vide ainsi que la divisibilité de<br />
la matiàre et qui affirmait l'unité intime de l'çtre, indivisible et<br />
immobile . La matiàre unique, pour Héraclite, est le feu, c'est-É-dire<br />
l'essence la plus subtile et la plus propre aux métamorphoses du<br />
feu en air, de l'air en eau, de l'eau en terre . Par un rythme inverse,<br />
la terre se muait en eau, l'eau en air, l'air en feu : d'oû une succession<br />
sans fin de morts apparentes et de naissances réelles .<br />
Ainsi une harmonie universelle était le résultat d'un éternel<br />
rythme dont Héraclite faisait la loi de toutes les transformations .<br />
11 . (v. 717 . - Empédocle (d'Agrigente a fait une synthàse des<br />
sciences de son temps (ve siàcle , mais a beaucoup emprunté au<br />
mysticisme pythagoricien . Il distingue quatre éléments, l'eau,<br />
la terre, l'air, le feu, se combinant et se séparant tour É tour sous<br />
l'influence de la haine et de l'amitié, dans un cycle éternel d'intégrations<br />
et de désintégrations : d'oû un ordre immanent dans<br />
l'univers varié et régulier É la fois . Esprit de poàte autant que de<br />
philosophe.<br />
12 . (v. 834 . - Anaxagore, É peu pràs contemporain d'Empédocle,<br />
était un esprit plus positif, qui s'efforùa de rejeter toutes<br />
les explications mythologiques . La matiàre est pour lui une poussiàre<br />
de substances irréductibles ; le principe d'organisation et<br />
d'harmonie est une force obscure d'intelligence impersonnelle<br />
qu'il nommne Raison .<br />
13 . (v. 952 . - Tous les philosophes anciens, ou É peu pràs,<br />
admettaient un espace infini ; mais les difficultés les effrayaient<br />
devant l'infinité de la matiàre .<br />
LIVRE II<br />
14 . (v . 58-60 . - Reproduction des vers 147-149 du livre I .<br />
15 . (v . 79 . - C'est Aristote qu'ici Lucràce va s'efforcer de<br />
réfuter . Aristote suppose inerte la matiàre, en laquelle n'est qu'en<br />
puissance ce qui doit çtre appelé É l'existence ; il faut une cause<br />
motrice pour le réaliser en acte . Lucràce suit âpicure, qui réduisait<br />
toutes choses É la matiàre et au mouvement .<br />
NOTES<br />
16 . (v . 209 . - Il s'agit bien de vraies étoiles . âpicure et<br />
Lucràce n'étaient-ils pas persuadés que les astres contemplés de<br />
la terre n'étaient pas plus gros que leur apparence?<br />
17 . (v. 216 . - C'est le fameux clinamen, déviation légàre qui<br />
permet la rencontre des atomes tombant dans le vide . Il y a lÉ<br />
un postulat arbitraire d'âpicure ; Cicéron l'a amplement réfuté<br />
dans ses ouvrages philosophiques . On voit que Lucràce ne l'appuie<br />
sur aucune raison . C'est un des points du systàme oû la faiblesse<br />
philosophique du poàte se trahit le plus évidemment. LÉ oû<br />
âpicure chancelle, ce n'est pas Lucràce qui peut le soutenir .<br />
18 . (v. 251 . - Sur la déclinaison des atomes considérée comme<br />
le fondement de la liberté morale, une excellente note de Blanchet<br />
(Ouvres de Lucràce, Garnier, éd . est É citer tout entiàre .<br />
La voici : On est surpris, on se demande si cette déclinaison est<br />
nécessaire ou si elle est simplement accidentelle . Nécessaire, comment<br />
la liberté peut-elle en çtre le résultat? Accidentelle, par<br />
quoi est-elle déterminée? Mais on devrait bien plut«t çtre surpris<br />
qu'il lui soit venu en idée de rendre l'homme libre dans un systàme<br />
qui suppose un enchaênement nécessaire de causes et d'effets<br />
c'était une recherche assez curieuse que la raison qui a pu faire<br />
d'âpicure l'ap«tre de la liberté. Ne trouvant pas cette raison dans<br />
ses principes mçmes, il fallait la chercher hors de son systàme<br />
je crois en entrevoir quelques traces dans la définition que donne<br />
ici Lucràce de la liberté et en particulier dans ce vers,<br />
Fatis avolsa voluntas,<br />
Cette volonté arrachée au destin .<br />
445<br />
Le but d'âpicure était de rendre l'homme indépendant du destin<br />
: le destin, cet çtre abstrait, moitié philosophique et moitié<br />
théologique, dont les païens n'avaient que des idées fort confuses,<br />
qu'on prenait, s'il faut en croire Sénàque, tant«t pour un dieu,<br />
tant«t pour la nature elle-mçme, était dans toutes les anciennes<br />
religions une divinité destructive du libre arbitre, qui déterminait<br />
irrésistiblement les volontés humaines et qui punissait avec une<br />
sévérité barbare les crimes qu'elle-mçme avait fait commettre .<br />
C'était pour détourner le cours de cette fatalité que les hommes<br />
immolaient des victimes, élevaient des autels, construisaient des<br />
temples, instituaient tous les jours de nouvelles cérémonies religieuses,<br />
quoique bien persuadés qu'ils ne pouvaient avec leurs<br />
sacrifices changer les arrçts irrévocables de la destinée . On était<br />
donc esclave dans toutes ces religions : voilÉ pourquoi âpicure<br />
regarda le dogme de la liberté comme un des dogmes distinctifs<br />
de l'athéisme et voulut remporter la victoire sur le destin en lui<br />
ravissant, pour ainsi dire, la liberté humaine dont il s'était emparé ;<br />
voilÉ ce que veut dire Lucràce par ces mots : Fatis avolsa voluntas.