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LA NATURE DES CHOSES

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3 28 DE NATURA RERUM, LIBER V<br />

Cum peperit, dulci repletur lacte, quod omnis<br />

Impetus in mammas convertitur ille alimenti .<br />

Terra cibum pueris, vestem vapor, herba cubile<br />

815 Praebebat, multa et molli lanugine abundans .<br />

At novitas mundi nec frigora dura ciebat,<br />

Nec nimios astus, nec magnis viribus auras .<br />

Omnia enim pariter crescunt, et robora sumunt .<br />

Quare etiam atque etiam maternum nomeu adepta<br />

820 Terra tenet merito, quoniam genus ipsa creavit<br />

Humanum, atque animal prope certo tempore fuelit<br />

Omne, quod in magnis bacchatur montibu' passim,<br />

Aeriasque simul volucres variantibu' formis .<br />

Sed quia finem aliquam pariendi debet habere,<br />

825 Destitit, ut mulier spatio defessa vetusto .<br />

Mutat enim mundi naturam totius atas,<br />

Ex alioque alius status excipere omnia debet,<br />

Nec manet ulla sui similis res : omnia migrant ;<br />

Omnia commutat natura, et vertere cogit .<br />

880 Namque aliud putrescit, et aevo debile languet ;<br />

Porro aliud succrescit, et e contemptibus exit .<br />

Sic igitur mundi naturam totius a tas<br />

Mutat, et ex alio terrain status excipit alter ;<br />

Quod potuit, nequeat ; possit, quod non tulit ante .<br />

885 Multaque tum tellus etiam portenta creare<br />

Conata est, mira facie, membrisque coorta remotum ;<br />

(Androgynem interutras, nec utrumque, et utrinque<br />

Orba pedum partim, manuum viduata vicissim ;<br />

Muta sine ore etiam, sine voltu caeca reperta,<br />

840 Vinctaque membrorum per totum corpus adhaesu<br />

Nec facere ut possent quidquam, nec cedere quoquam,<br />

Nec vitare malum, nec sumere quod foret usus .<br />

Caetera de genere hoc monstra, ac portenta creabat<br />

Nequicquam, quoniam natura absterruit auctum ;<br />

845 Nec potuere cupitum a tatis tangere florem,<br />

Nec reperire cibum, nec jungi per Veneris res .<br />

DE <strong>LA</strong> <strong>NATURE</strong>, LIVRE V 329<br />

leur verser un suc semblable au lait : ainsi maintenant<br />

toute femme qûi a enfanté se remplit d'un doux lait,<br />

parce qu'un élan porte tous les aliments aux mamelles .<br />

La terre alors donnait leur nourriture aux enfants, la<br />

chaleur leur tenait lieu de vçtement, l'herbe leur offrait<br />

pour berceau son épaisse et molle toison . 815<br />

L'enfance du monde ne produisait ni durs froids, ni<br />

chaleurs excessives, ni violences de vent : car toutes<br />

choses croissent d'un cours égal et prennent force . Aussi<br />

le répéterai-je, le nom de màre appartient É la terre qui<br />

le mérite, puisqu'elle a créé la race humaine et produit<br />

pour ainsi dire au temps marqué toutes les espàces ani- 820<br />

males, celles qui errent en s'ébattant sur les hautes montagnes<br />

et celles qui volent dans les airs sous les formes les<br />

plus variées .<br />

Mais il y a un terme É la fécondité, et la terre cessa<br />

d'enfanter, telle une femme épuisée par l'ège . L'évolution 825<br />

du monde entier est le fruit du temps, les choses passent<br />

nécessairement d'un état É un autre, aucune ne reste semblable<br />

É soi, tout s'en va, tout change, tout se métamorphose<br />

par la volonté de la nature . Telle existence tombe 880<br />

en poussiàre ou languit de vieillesse, tandis qu'une autre<br />

croêt É sa place, sortie de la fange . C'est donc ainsi que le<br />

monde entier évolue dans le temps et que d'état en état<br />

passe la terre : ce dont elle était capable, elle ne l'est plus,<br />

mais elle peut ce qui lui fut impossible .<br />

Que de monstres la terre en travail s'efforùa de créer, 885<br />

étranges de traits et de structure ! On vit l'androgyne,<br />

qui tient des deux sexes mais n'appartient É aucun, et n'est<br />

ni l'un ni l'autre ; on vit des çtres sans pieds et sans mains,<br />

ou muets et sans bouche, ou sans regard, aveugles, ou<br />

bien dont les membres adhéraient tous au tronc et qui 840<br />

ne pouvaient ni agir, ni marcher, ni éviter un péril, ni<br />

pourvoir É leurs besoins . Tous ces monstres et combien<br />

d'autres de mçme sorte furent créés en vain, la nature<br />

paralysa leur croissance et ils ne purent toucher É la fleur<br />

tant désirée de l'ège, ni trouver de nourriture, ni s'unir 845<br />

par les liens de Vénus . Il faut en effet, nous le voyons, tout

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