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LIVRE TROISIâME<br />
ARGUMENT<br />
Ce livre est employç tout entier Π traiter de l'àme humaine<br />
c'çtait l'objet essentiel de la philosophie d'îpicure . AprÉs une<br />
invocation Π îpicure, il fait sentir l'importance du sujet qu'il va<br />
traiter, en ce que l'ignorance où sont les hommes sur la nature<br />
de leur àme leur inspire cette crainte de la mort, qu'il regarde<br />
comme l'unique source de tous les maux et de tous les crimes . Il<br />
entre ensuite en matiÉre, et s'efforce de prouver : 10 que l'àme<br />
est une partie rçelle de nous-mémes, et non pas une affection<br />
gçnçrale de la machine, une harmonie, comme l'ont voulu quelques<br />
philosophes ; 2á que l'àme ne forme qu'une méme substance con-<br />
jointement avec l'esprit, qui rçside au centre de la poitrine, tandis<br />
que l'àme est rçpandue dans tout le corps ; 30 qu'ils sont l'un et<br />
l'autre corporels, quoique formçs des atomes les plus subtils de<br />
la nature ; 40 que, bien loin d'étre simples, ils rçsultent au contraire<br />
de quatre principes, le souffle, l'air, la chaleur, et un quatriÉme<br />
(qui paraèt n'étre autre chose que les esprits animaux , auquel le<br />
poÉte ne donne pas de nom, et qu'il regarde comme l'àme de notre<br />
àme ; 50 que ces quatre principes sont mçlangçs et combinçs, sans<br />
pouvoir jamais agir Π part, n'çtant, pour ainsi dire, que diffçrentes<br />
propriçtçs d'une méme substance, mais qu'ils peuvent<br />
dominer plus ou moins, et que de lΠ naèt la diffçrence des caractÉres<br />
; 60 que l'àme et le corps sont tellement unis, qu'ils ne<br />
peuvent subsister l'un sans l'autre, mais qu'il ne faut pas croire<br />
pourtant, comme l'a prçtendu Dçmocrite, qu'Π chaque çlçment<br />
du corps rçponde un çlçment de l'àme . AprÉs tous ces dçtails, il<br />
tàche de prouver que l'àme naèt et meurt en méme temps que<br />
le corps, d'où il conclut que la mort n'est pas Π craindre, et que<br />
les hommes ont tort de se dçsespçrer d'un çtat qui les rend ce<br />
qu'ils çtaient avant que de naètre .