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[L'Assassin Royal 3]La nef du crépuscule

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« Chevalerie était-il au courant ? » demandai-je.<br />

Molly se retourna vivement pour me dévisager : ce n’était<br />

manifestement pas la question qu’elle attendait ; mais elle ne<br />

put résister à l’envie de finir son histoire. « Non, pas au début.<br />

Quand Patience l’a connu, elle ignorait qu’il était le maître de<br />

Burrich, qui ne lui avait jamais dit à qui il avait juré allégeance.<br />

Tout d’abord, Patience ne voulait pas entendre parler de<br />

Chevalerie, parce qu’elle ne pensait qu’à Burrich, tu<br />

comprends ; mais Chevalerie était têtu Ŕ d’après Brodette, il<br />

l’aimait à la folie Ŕ et il a fini par gagner son cœur. Ce n’est<br />

qu’après avoir accepté de l’épouser qu’elle a découvert que<br />

c’était le maître de Burrich, et seulement parce que Chevalerie a<br />

envoyé Burrich lui faire cadeau d’un certain cheval. »<br />

Je revis soudain Burrich dans les écuries, devant la<br />

monture de Patience, disant : « C’est moi qui ai dressé cette<br />

jument. » Je me demandai s’il avait spécialement dressé<br />

Soyeuse, sachant qu’elle était destinée à la femme qu’il aimait,<br />

présent de l’homme qu’elle allait épouser ; je parie que oui.<br />

J’avais toujours eu l’impression que le dédain de Patience pour<br />

Burrich était en réalité une sorte de jalousie née de l’affection de<br />

Chevalerie pour son serviteur ; désormais, le triangle<br />

m’apparaissait encore plus étrange, et infiniment plus<br />

douloureux. Je fermai les yeux et secouai la tête, désemparé par<br />

l’injustice <strong>du</strong> monde. « Rien n’est jamais tout simple ni tout<br />

bon, dis-je en me parlant à moi-même. Il y a toujours une<br />

écorce amère, un pépin aigre quelque part.<br />

ŕ Oui. » <strong>La</strong> colère de Molly semblait s’être soudain<br />

épuisée ; elle s’assit au bord <strong>du</strong> lit et ne me repoussa pas lorsque<br />

je l’y rejoignis. Je lui pris la main. Mille pensées dansaient dans<br />

ma tête : le dégoût de Patience pour les soirées trop arrosées de<br />

Burrich, lui qui s’était rappelé son chien de manchon qu’elle<br />

transportait toujours dans un panier, le soin qu’il prenait<br />

toujours de son apparence et de son maintien. « Ce n’est pas<br />

parce que tu ne vois pas une femme qu’elle ne te voit pas. » Oh,<br />

Burrich ! Le temps qu’il passait en plus de son travail habituel à<br />

panser et étriller un cheval qu’elle ne montait plus que<br />

rarement. Mais au moins Patience avait-elle épousé l’homme<br />

qu’elle aimait et connu quelques années de bonheur, certes<br />

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