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[L'Assassin Royal 3]La nef du crépuscule

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exaspérés qui les escortaient dans le couloir. Je les regardai<br />

s’éloigner, puis je vis l’ombre de Burrich disparaître avec force<br />

embardées tandis que <strong>La</strong>me s’attardait pour adoucir l’humeur<br />

des gardes.<br />

J’essuyai le crachat de mon visage et regagnai lentement<br />

mon banc. J’y restai longtemps assis à ressasser des souvenirs :<br />

depuis toujours il m’avait prévenu contre le Vif ; il m’avait<br />

enlevé le premier chien avec lequel je m’étais lié, et j’avais eu<br />

beau lutter, le repousser avec toute l’énergie dont je disposais, il<br />

m’avait simplement renvoyé mon attaque, si <strong>du</strong>rement que<br />

pendant des années je n’avais plus osé repousser quiconque. Et<br />

le jour où il s’était assoupli, où il avait, sinon accepté, <strong>du</strong> moins<br />

feint de ne pas connaître mon lien avec le loup, le Vif lui avait<br />

été de nouveau imposé. Le Vif... Il m’avait mis en garde tant de<br />

fois, et moi j’étais persuadé de savoir ce que je faisais.<br />

Et tu avais raison.<br />

Œil-de-Nuit. Je n’avais pas le courage de répondre<br />

davantage.<br />

Viens avec moi ; viens avec moi et nous chasserons<br />

ensemble. Je peux t’emmener loin de là où tu es.<br />

Plus tard peut-être. <strong>La</strong> force me manquait de discuter.<br />

Je restai longtemps sans bouger ; mon entrevue avec<br />

Burrich m’avait fait aussi mal que la rossée de Pêne. Je cherchai<br />

dans ma vie une personne à qui je n’eusse pas fait défaut, que je<br />

n’eusse pas déçue : je n’en trouvai pas.<br />

Je baissai les yeux sur le manteau de Brondy étalé par<br />

terre ; le froid me poussait à m’y emmitoufler, mais j’avais trop<br />

mal pour le ramasser. Mon regard tomba soudain sur un caillou<br />

posé à côté ; c’était étrange : j’avais suffisamment contemplé le<br />

sol pour savoir qu’il ne s’y trouvait rien.<br />

<strong>La</strong> force de la curiosité est remarquablement puissante : je<br />

finis par me pencher et je pris le manteau et le caillou. Il me<br />

fallut un peu de temps pour passer le vêtement sur mes épaules,<br />

après quoi j’examinai la pierre. Ce n’en était pas une ; noir et<br />

humide, l’objet évoquait une boulette de... de feuilles ? Oui. Une<br />

boulette qui m’avait heurté le menton quand Burrich m’avait<br />

craché au visage ? Délicatement, je la plaçai dans la maigre<br />

lumière qui passait par le judas. Une tige blanche maintenait la<br />

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