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[L'Assassin Royal 3]La nef du crépuscule

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Castelcerf continua de se vider de ses réserves d’hiver et de<br />

ses animaux ; certains furent ven<strong>du</strong>s à bas prix aux <strong>du</strong>chés de<br />

l’Intérieur. Les meilleurs chevaux de chasse et de monte<br />

partirent sur la Cerf à bord de chalands pour une région près de<br />

Turlac, ce que <strong>Royal</strong> décrivit comme un plan pour mettre nos<br />

repro<strong>du</strong>cteurs à l’abri des ravages des Pirates rouges. A Bourg-<br />

de-Castelcerf, d’après Pognes, on murmurait que, si le roi était<br />

incapable de préserver son propre château, quel espoir y avait-il<br />

pour les petites gens ? Et quand toute une cargaison de<br />

somptueuses tapisseries et de beaux meubles anciens partit vers<br />

l’amont <strong>du</strong> fleuve, on se mit à chuchoter que les Loinvoyant<br />

allaient bientôt abandonner Castelcerf sans même un combat,<br />

sans même attendre une attaque, et j’eus le désagréable<br />

soupçon que cette rumeur était fondée.<br />

Confiné à Castelcerf, je ne savais guère ce dont parlaient les<br />

gens <strong>du</strong> commun. Le silence m’accueillait à présent quand<br />

j’entrais dans le corps de garde ; mon assignation au Château<br />

avait donné naissance à maints ragots et spéculations, et les ondit<br />

qui avaient couru sur moi après que j’eus échoué à sauver la<br />

petite fille des griffes des forgisés connurent une seconde<br />

jeunesse. Rares étaient les gardes qui m’entretenaient d’autre<br />

chose que <strong>du</strong> temps et de banalités <strong>du</strong> même genre. Sans être<br />

devenu un véritable paria, je me vis exclu des conversations<br />

déten<strong>du</strong>es et des discussions à bâtons rompus qui allaient<br />

d’habitude bon train dans le corps de garde ; m’adresser la<br />

parole portait désormais malheur et je ne souhaitais pas affliger<br />

ces hommes et ces femmes à qui je tenais.<br />

Je restais le bienvenu aux écuries mais je m’efforçais de ne<br />

pas trop parler à quiconque et de ne pas marquer d’affection<br />

particulière à tel ou tel animal. Les ouvriers étaient moroses, en<br />

ces jours, car il n’y avait guère de travail pour les occuper et les<br />

querelles étaient fréquentes ; cependant, ils constituaient ma<br />

source principale d’informations et de rumeurs. Aucune n’était<br />

réjouissante ; j’entendais parler d’attaques contre des villes<br />

béarnoises, de bagarres dans les tavernes et sur les quais de<br />

Bourg-de-Castelcerf, de gens qui déménageaient pour le Sud ou<br />

l’Intérieur, selon leurs moyens ; le peu que j’entendis sur Vérité<br />

et son entreprise était railleur et méprisant. L’espoir était mort.<br />

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